Les chiffres qui viennent de tomber ont fait l’effet d’une douche froide : une augmentations de 1,3 % en un trimestre. Peu importe la façon de calculer, le nombre de personnes privées d’emplois est abyssal et l’objectif de créer cinq millions d’emplois d’ici 2012 est devenu un mirage qui s’éloigne de plus en plus. Comment créer des emplois pour des jeunes sans qualification est la question toujours sans réponse.
Le Cosatu a fait un calcul pour donner plus de réalité à ce pourcentage abstrait : 1,3% de plus en un trimestre cela fait 282 000 chômeurs de plus et quand on sait qu’un salarié fait vivre cinq personnes autour de lui, on arrive au chiffre de 1 410 000 personnes de plus plongées dans la pauvreté et la misère en trois mois.
Pour le Quarterly Labour force survey, un organisme d’études et sondages sur les revenus des ménages, au premier trimestre 2012, il y a 4,5 millions de chômeurs, dont 3,1 millions sont à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an. Ces chômeurs ont la particularité d’être sans qualifications et peu diplômés, 59,6 % n’ont pas le « matric », l’équivalent de notre baccalauréat et 44% n’ont jamais travaillé. Autrement dit, le chômage touche massivement les jeunes sans qualification. Un tiers de la population active est au chômage.
Les derniers chiffres de la production industrielle sont en berne : le secteur manufacturier a perdu 67000 emplois, la construction 71000 emplois au premier trimestre 2012. Les raisons évoqués sont de deux ordres : la récession dans les pays européens qui fait chuter la demande et le manque de personnel qualifié , le système éducatif et de formation étant incapable de fournir la main-d’œuvre qualifiée dont le marché du travail sud-africain a besoin.
La situation de l’éducation dans certaines provinces est particulièrement alarmant, par exemple dans la province du Cap oriental ou celle du Mpumalanga où le dysfonctionnement est flagrant. Manque d’autorité et compétence des responsables provinciaux, grèves à répétition des personnels enseignants, indiscipline des élèves, corruption à tous les niveaux qui privent les élèves des fournitures scolaires indispensables. Malheureusement cette situation peu flatteuse prévaut dans les régions les pauvres. Les pauvres ont une école pauvre. Changer les choses demandent une véritable volonté politique et former des jeunes capables d’entrer sur le marché du travail avec de vrais compétences prendra au moins une génération.
Le patronat invoque aussi une autre raison à ce chômage massif : le coût du travail qui freine la création d’emplois et le recours aux emplois temporaires et précaires. Le patronat voudrait une plus grande flexibilité du travail et une révision de la réglementation du travail qu’il trouve trop rigide. La Chambre sud-africaine du commerce et de l’industrie prend appui sur une enquête couvrant 142 pays et qui range l’Afrique du Sud au 138ème rang pour son manque de flexibilité dans les accords salariaux et les relations tendues entre les travailleurs et le patronat.
Le Cosatu dénonce les emplois précaires et fait campagne pour interdire le travail intérimaire. Les chiffres lui donnent en partie raison puisqu’au premier trimestre de l’année, le licenciement des travailleurs précaires, intérimaires et saisonniers après les fêtes de fin d’année a fait monter les chiffres. Il justifie aussi les grèves pour des salaires décents et contre les mauvaises conditions de travail.
Si les analyses divergent, tous se retrouvent pour dire que des solutions urgentes sont à trouver pour désamorcer cette « bombe à retardement » qu’est le chômage et plus particulièrement celui des jeunes. Pour le patronat il faudrait combiner une meilleure réglementation du travail, une meilleure éducation, une meilleure compétitivité, une politique industrielle innovante. Pour le Cosatu, il faut changer l’économie qui repose encore trop sur l’exportation des matières matières pour créer un secteur manufacturier créateur d’emplois, créer des infrastructures répondant aux besoins de la population et mettre en place sans tarder le Nouveau Plan de croissance.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le dimanche 13 mai 2012
© RENAPAS
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