L’appel à manifester le 7 mars 2012 contre le travail intérimaire et contre le péage autoroutier a été une pleine réussite, rassemblant les travailleurs et bien au-delà du monde syndical. Un avertissement sérieux au gouvernement pour qu’il entende les revendications populaires sur l’emploi et le niveau de vie de la grande majorité des Sud-africains.
A l’issue de la grande manifestation qui a vu des milliers de personnes défiler dans les rues de Johannesburg et dans tout le pays, une délégation de syndicalistes du Cosatu et du Nactu a remis au gouvernement deux memoranda, l’un sur le travail intérimaire, l’autre sur le péage autoroutier.
Extraits du mémorandum sur le travail intérimaire.
… En dépit des avancées politiques et sociales depuis 1994, la classe ouvrière de ce pays continue à subir la pression du néolibéralisme et l’héritage de l’apartheid et du colonialisme . La pauvreté, le chômage et les inégalités sont les trois défis à relever pour la classe ouvrière aujourd’hui. … Aujourd’hui l’Afrique du Sud peut se vanter d’être la société la plus inégalitaire au monde. Les plus riches gagnent 94 fois plus que les plus pauvres. La population africaine qui constitue 79,4 % de la population se partage 41,2% des revenus du travail et des aides sociales, alors que la population blanche qui représente 9,2% de la population bénéficie de 45,3% des revenus…
… le chômage dans sa définition la plus large touche 35,4 % de la population active. Les inégalités de revenus font que la moitié de la population survit avec 8% du revenu national alors que l’autre moitié bénéficie de 92% de ce revenu national. En 2007, 71% des femmes africaines, chef de famille gagnait moins de 800 rands par mois (80 euros) et 58% des hommes gagnaient moins de 800 euros et 48% n’avaient aucun revenu. Parmi les chômeurs 60% avaient quitté l’école bien avant la fin de leurs études secondaires…six millions de travailleurs vivent avec moins de 10 rands par jour (un euro).
Le niveau d’exploitation augmente et 30 % des emplois sont des emplois précaires et temporaires.
Les entreprises sous–traitantes et de travail intérimaire sont les principales responsables du travail précaire. Leurs pratiques sont absolument contraires au principe d’un emploi décent. Elles font diminuer les salaires et dégradent les conditions de travail. Elles ne créent aucun emploi mais absorbent la force de travail et remplacent les vrais emplois par des formes de travail temporaire et précaire. Il y a dans notre pays près d’un million de ces emplois précaires…
…Nous exigeons une interdiction absolue du travail intérimaire, un système que nous qualifions d’esclavage moderne.
Pourquoi cette interdiction
1- le travail intérimaire n’est rien d’autre qu’une forme de marchandisation de l’être humain.
2 – le travail intérimaire ne crée pas d’emplois
3- le travail intérimaire détruit les emplois permanents
4- le travail intérimaire n’applique pas le principe du salaire égal pour travail égal. Pas d’heures supplémentaires, pas de congés payés, pas de jours fériés payés pour les travailleurs intérimaires.
5 – le travail intérimaire fournit « les jaunes » pour briser les grèves 6-le travail intérimaire accentue l’exploitation des travailleurs.
7 le travail intérimaire fait baisser les salaires sans aucune indemnités.
En conclusion les syndicats insistent pour dire que les travailleurs précaires se retrouvent sans droits, sans pensions, sans couverture médicale, sans interlocuteur en cas de litige. Il est plus simple d’interdire le travail intérimaire qui est contraire à la législation en vigueur que d’imaginer une nouvelle législation qui ne sera pas appliquée
Le mémorandum qui concerne le rejet de l’introduction du péage autoroutier met en avant trois points essentiels :
1-le péage va frapper les plus pauvres et aggraver leur situation. S’il est mis en place dans le Gauteng, il sera étendu à tout le pays.
2- le péage va perpétuer l’exclusion des plus démunis de l’usage des routes les meilleures pour se déplacer. Aux plus pauvres, les routes secondaires, pleines de nid-de-poule, mal entretenues, aux riches les belles autoroutes pour leurs belles voitures.
3- les transports publics sont complétement insuffisants ce qui explique que les gens n’ont pas d’autre choix que d’utiliser leurs voitures pour se déplacer et se rendre au travail. Les transports publics sont bondés et dangereux. L’usage de la voiture particulière n’est pas un luxe mais une nécessité
4 le péage est une forme de privatisation à laquelle les syndicats sont totalement opposés. Le contrat avec les opérateurs est resté secret et il est clair que les profits se feront sur le dos des usagers qui payent déjà des impôts pour la construction et l’entretien des routes, des hôpitaux, des écoles…
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le jeudi 8 mars 2012
© RENAPAS
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