La nouvelle loi sur l’information des documents d’Etat, dite « loi sur le secret » est-elle une façon détournée de restreindre le droit à l’information des citoyens ou bien une simple mesure pour éviter les dérives de la presse à sensation ? La loi qui doit encore être examinée par le Conseil national des provinces (NCOP) avant d’être adoptée est le sujet d’une controverse intense.
Pour les adversaires de cette loi, les termes choisis pour la qualifier sont d’une extrême gravité : loi liberticide, retour aux heures sombres de l’apartheid, violation des garantis contenues dans la constitution. Le danger est non seulement la menace directe contre les journalistes mais la crainte de voir le gouvernement décider directement du choix des informations à dire ou à cacher.
La crainte semble bien réelle puisque le Cosatu et le Sanef (Forum des rédacteurs sud-africains) viennent d’obtenir la garantie par le Ncop que les points litigieux qu’ils soulèvent seront examinés de près et que la loi pourrait être renvoyée devant le Parlement pour être amendée. L’Anc lui–même ne rejette pas la possibilité d’amender la loi.
La question posée par cette loi est bien de savoir qui va décider que telle ou telle information peut être donnée au public ou pas. Car une loi pour protéger les informations d’Etat est la porte ouverte à toutes les dérives et peut servir à dissimuler des pratiques illicites, la corruption, l’enrichissement personnel ou l’abus de pouvoir au sein de l’Etat. Le simple citoyen risque de ne jamais savoir où va vraiment l’argent de ses impôts.
Mais un journal a-t-il le droit de tout dire ? Où commence l’intérêt public ? Comment définir « l’intérêt public » ? Autant de pierres d’achoppement de tous les débats sur la liberté de la presse, les libertés individuelles et la sécurité de l’Etat. Toutes ces questions sont l’objet de débats permanents dans un système démocratique vivant. Ce qui explique certainement les divergences au sein même de l’alliance tripartite. Le Cosatu rejette cette loi, le Sacp la soutient, la société civile s’y oppose.
Opposants et promoteurs de la loi n’ont pas dit leur dernier mot. Si la loi n’est pas amendée les opposants Cosatu, Right2know, le Forum des rédacteurs sud-africains et bien d’autres organisations ont décidé de mener une campagne nationale pour expliquer en quoi cette loi serait une atteinte à la liberté de la presse et au droit à l’information des citoyens. Ils prévoient d’organiser une pétition nationale, une manifestation et finalement un recours devant la Cour constitutionnelle
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le lundi 5 décembre 2011
© RENAPAS
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