Un rapport publié par Human Rights Watch après des enquêtes menées auprès des ouvriers agricoles, des propriétaires de vignobles, des syndicats, des associations , des représentants du gouvernement, montre que si certains progrès ont été accomplis , les salaires et les conditions de travail dans les vignobles sud-africains restent encore difficiles. Pourtant les vins sud-africains sont de grande qualité, le vignoble attire des millions de touristes et cette activité rapporte gros au pays.
L’Afrique du Sud est le septième producteur mondial de vin avec une production de 1,2 milliards de bouteilles par an et rapporte près de 25 milliards de rands à l’économie du pays, sans compter les touristes qui visitent cette partie de la province du Cap occidental, attirés par des paysages somptueux et une gastronomie appréciée.
Dans le rapport de 96 pages Ripe with Abuse : Human rights conditions in South Africa’s Fruit and Wine Industries, on peut lire cette remarque « En dépit de leur rôle important dans le succès de l’industrie du vin, des fruits et du tourisme, les ouvriers agricoles en ont tiré très peu de bénéfices à cause des conditions d’exploitation auxquelles ils sont soumis et des traitements inhumains qu’ils subissent ».
Des familles entières d’ouvriers agricoles sont logées dans des baraquements insalubres, souvent sans eau ni électricité. Bien qu’une loi de 1997 interdise les expulsions, on estime à 930 000 le nombre de personnes chassées de leur logement entre 1994 et 2004. Les exploitants utilisent toutes sortes de moyens pour chasser les ouvriers, y compris la menace des chiens des gardes de sécurité.
L’utilisation des pesticides se fait sans aucune mesure de sécurité pour les ouvriers, pas de vêtements de protection et pas d’installations sanitaires pour se laver les mains, ni de robinets d’eau potable. Les demandes des ouvriers restent la plupart du temps lettre morte.
Les propriétaires, presque tous blancs et vignerons depuis plusieurs générations, n’aiment guère les syndicats et n’hésitent pas à menacer ou renvoyer les ouvriers trop revendicatifs. Le taux de syndiqués atteint à peine 3% alors qu’’il est de 30% pour l’ensemble de la population active. Des ouvriers syndiqués ont obtenu des salaires de 1375 rands par mois, le salaire minimum légal, mais un salaire correct devrait être de l’ordre de 4000 rands par mois (environ 400 euros) selon les syndicats et associations.
Les représentants de l’industrie viticole sud-africaine contestent ce rapport en faisant valoir les améliorations apportées ces dernières années dans les conditions de travail de leurs employés. L’abominable système du « dop » a pratiquement disparu des vignobles du Cap. Ce système consistait à payer les ouvriers en vin, y compris les enfants. Le matin, le midi et le soir chaque ouvrier recevait du vin qui payait une partie du salaire. Cette pratique a fait des ravages sanitaires toujours présents dans cette province où le taux d’alcoolisme et de maladies liées à cette consommation d’alcool sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs.
Pour les rapporteurs les pays importateurs de vins et de fruits sud-africains, en particulier la Grande-Bretagne, devraient adopter des mesures pour que les réseaux de la grande distribution ne tirent pas bénéfice des conditions de travail et de vie déplorables des ouvriers agricoles sud-africains.
Plus d'informations : Human Rights Watch
Publié le mercredi 31 août 2011
© RENAPAS
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