Dans le débat qui a suivi la proposition de la Ligue de la jeunesse de l’Anc de nationaliser les mines, Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste, membre de la direction de l’Anc et homme d’affaires, apporte sa contribution pour dépasser la discussion stérile entre le simpliste pour ou contre.
Dans un article paru dans le Sunday Times, Cyril Ramaphosa dit comprendre la colère des jeunes noirs devant la pauvreté et les inégalités persistantes de la société sud-africaine Relever le défi de la « liberté économique » est la priorité des priorités reconnue par tous, y compris par le gouvernement. Ignorer les besoins de la jeunesse serait une grave erreur.
Mais nationaliser n’est pas forcément la solution pour résoudre les problèmes du chômage, des inégalités et du manque de qualification qui touchent la jeunesse de plein fouet. Pourquoi « réinventer une roue qui ne tourne pas » ?
La pauvreté est l’héritage des décennies d’injustice économique basée sur la race et sa persistance est sûrement un échec collectif de la transformation de l’économie. Ce sont toujours les hommes blancs qui détiennent les postes de responsabilité économique et en particulier dans l’industrie minière. La Charte des Mines qui faisait des recommandations pour transformer l’industrie est restée quasi lettre morte.
L’industrie minière est puissante, efficace et continue d’attirer les investissements étrangers. Pourtant l’histoire de l’industrie minière est une suite de tragédies, de négligences, « un condensé de la dureté et de la cruauté de l’appareil d’état de l’apartheid et de son économie ». Transformer l’industrie minière serait la meilleure preuve de la possibilité de transformer l’économie sud africaine, un besoin économique et moral.
Si l’industrie avait seulement investi 5% des 50 milliards de rands d’investissement l’an dernier pour améliorer la qualification, les conditions d’hébergement des mineurs, construire des dispensaires et des écoles pour la population locale, peut-être la demande de nationaliser les mines ne rencontrerait pas autant d’enthousiasme, suggère Cyril Ramaphosa. Investir dans les ressources humaines serait la meilleure façon d’investir pour l’avenir.
Le constat amer fait après 17 ans de démocratie et de croissance économique montre que la lutte pour la « liberté économique » nécessite une mobilisation de la même nature que la lutte contre l’apartheid. Un partage équitable des revenus des ressources du pays est un nouveau défi à relever.
L’énormité des problèmes du chômage massif et de la pauvreté devrait rassembler toutes les forces du pays plutôt qu’un échange stérile sur le bien fondé ou non des nationalisations. Le patronat doit mettre de côté ses intérêts égoïstes et la Ligue de la jeunesse éviter le ridicule de l’emphase verbale.
L’ancien dirigeant du syndicat des mineurs appelle tous les acteurs de l’industrie minière à saisir la chance de travailler ensemble pour accélérer les changements significatifs et durables dans un secteur qui est un fleuron de l’économie sud-africaine.
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Publié le mercredi 10 août 2011
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