Les paroles de Jimmy Manyi , porte parole du gouvernement ont réveillé les vieux démons du racisme que l’on espérait ne plus entendre dans la nation arc-en-ciel de Mandela. Non seulement la communauté métisse de la province du Cap est profondément blessée, mais les propos tenus risquent de ruiner le travail entrepris depuis des décennies par l’Anc, d’attiser les braises du racisme que vingt ans de démocratie non raciale n’ont pas encore éteintes.
En déclarant que les Métis sont trop nombreux dans la région du Cap et que les Indiens s’arrangent pour être tout en haut de la hiérarchie, Jimmy Manyi a provoqué la stupeur et la fureur du Cosatu et l’Anc a exigé des excuses. Mais ces propos diffusés sur YouTube auront des répercussions dans toute la société sud-africaine à peine sortie de siècles d’oppression raciale qui ont culminé avec le régime d’apartheid. Le Cosatu est en plus indigné de la façon dont a été amendée la loi sur l’Egalité dans l’emploi qui donne l’impression que les Métis ne trouveront plus d’emploi dans la région du Cap.
Jimmy Manyi a été en poste au Ministère du travail et le Cosatu l’accuse d’avoir influencé les amendements de la nouvelle loi sur l’emploi. La question de l’accès à l’emploi est délicate car il faut réparer les dégâts faits par les lois raciales (Jobs Reservation Act) qui répartissait les emplois selon la race. Le Cosatu demande une clarification sur l’accès aux postes de direction qui sont toujours majoritairement occupés par les blancs alors que de jeunes diplômés noirs, indiens ou métis sont au chômage.
Le terme « noir » désigne à la fois la population noire, métisse et indienne comme le définissait très bien un texte de l’Anc en 1969. « Les Africains, bien que les plus exposés à une répression et une exploitation raciales intenses, ne représentent pas le seul groupe national opprimé en Afrique du Sud. Les deux millions de Métis et les 750 000 Indiens sont victimes d’humiliation, de discrimination et d’oppression. Ils font partie de cette base de Non-Blancs sur laquelle repose les privilèges des Blancs. En tant que tels, ils font partie intégrante des forces sociales contre la suprématie blanche. En dépit de concessions trompeuses et sans valeur qui leur sont faites, ils partagent le même sort que leurs frères noirs et leur propre libération est inextricablement liée à la libération du peuple africain ».
C’est ce que Trevor Manuel, Ministre du Plan , métis du Cap a rappelé à sa façon dans sa lettre ouverte en accusant Jimmy Manyi d’être « un raciste de la pire espèce » et d’ajouter ces mots “ Je sais maintenant ce dont parlait Nelson Mandela dans son box des accusés quand il disait qu’il s’était battu contre la domination blanche et contre la domination noire. Jimmy, il parlait de la lutte contre des gens comme toi ». Et de rappeler que les fondements de la constitution actuelle ont été posés par des gens comme OR Tambo.
Ces propos ont semé la zizanie dans les rangs de l’alliance, certains comme le Cosatu se rangeant aux côtés de Trevor Manuel , d’autres comme la Ligue de la jeunesse de l’Anc prenant partie pour Jimmy Manyi. Dans un communiqué l’Anc a pris ses distances avec les propos tenus en déclarant « qu’il avait commis une grave erreur de jugement ».
Les excuses faites ne semblent pas à la hauteur de l’insulte raciste et Jacob Zuma a dû, de Paris où il était en voyage officiel, tenter de calmer les esprits en appelant chacun « à la retenue » et en assurant « que le gouvernement ne fera rien qui pourrait saper l’esprit et la confiance que nous avons dans notre constitution ou faire quoi que ce soit qui puisse renverser le cours de nos efforts collectif contre notre passé douloureux de racisme ».
Jimmy Manyi vient d’annoncer qu’il quittait son poste à la tête du Black Economic Forum et certains au sein de cette institution avaient déjà exprimé leur exaspération pour "ses déclarations ridicules et irrationnelles ». Il faudra certainement beaucoup plus pour calmer la tempête que ces paroles racistes ont soulevée.
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Publié le lundi 7 mars 2011
© RENAPAS
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