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Afrique du Sud : l’emploi des jeunes au cœur du débat sur le budget

Le budget présenté au Parlement par le ministre des finances Pravin Gordhan a été assez bien accueilli dans son ensemble, mais la question de la création d’emplois en particulier pour les jeunes ne satisfait pas tout le monde.

La création d’emplois est la priorité absolue du gouvernement, mais les solutions pour résoudre un chômage massif ne sont pas faciles à trouver dans un contexte mondial difficile et la volonté politique de ne pas laisser filer les déficits budgétaires.

Le Cosatu maintient que le chômage chez les jeunes est dû à trois facteurs : l’état désastreux de l’éducation ; une économie dominée par le secteur minier et la finance ; la concentration de l’économie dans les mains des grands conglomérats.

La Coalition du budget pour le peuple qui regroupe les syndicats, les églises et diverses organisations de la société civile affirme que la question du chômage des jeunes « est une bombe à retardement » qui est une menace sérieuse pour la stabilité du pays et dénonce le manque de volonté politique pour affronter cette crise structurelle. Depuis 1996 la politique économique reste trop frileuse pour affronter les grands défis que sont le chômage, la pauvreté et les inégalités.

Les différences de revenus entre riches et pauvres se sont approfondies avec la crise. Le ministre lui-même a reconnu que la moitié de la population dispose seulement de 8% du revenu national. En 2007, 71% des familles monoparentales féminines vivaient avec moins de 800 rands par mois. Un homme noir gagne en moyenne 2400 rands par mois et un homme blanc en moyenne 19 000 rands par mois et l’économie est toujours dirigée par des hommes blancs. Pire encore l’espérance de vie pour un homme blanc serait de 71 ans alors que celui d’un homme noir serait seulement de 48 ans selon l’Institut des relations raciales. La Coalition estime que ni le budget, ni le Plan pour une nouvelle croissance (NGP) prennent en compte ces réalités de la société sud-africaine.

Les critiques les plus véhémentes sont faites à la proposition gouvernementale d’accorder des subventions aux entreprises pour l’embauche des jeunes. Les syndicats craignent que la tentation sera grande d’employer des jeunes au rabais au lieu d’employer des travailleurs avec de vrais salaires. Ce qui serait désastreux et finalement ne créerait pas d’emplois. Le secrétaire général du Cosatu et le ministre des finances ont échangé des propos vifs à ce sujet. Le premier déclarant que le Cosatu n’avait pas été consulté et qu’il ne discuterait pas d’un projet concocté « par les bureaucrates », le second a répondu à l’attaque en disant qu’il était prêt à changer si on lui proposait une meilleure idée.

Il y a cependant des aspects positifs dan ce budget soulignés par tous. En particulier le budget prévoit d’allouer 75 milliards de rands pour les programmes publics et le budget de l’éducation reste la priorité avec celui de la santé. L’Afrique du Sud est un des pays qui consacre le plus de ressources à ces deux secteurs. Mais le retard à combler est immense en termes de constructions scolaires ou hospitalières, d’équipements, de bibliothèques et de personnel. Un effort budgétaire est fait pour la formation des adultes et l’acquisition de compétences professionnelles pour les jeunes. La question toutefois pour les budgets de l’éducation et de la santé est de savoir si cet argent sera correctement utilisé et comment ces dépenses seront effectivement contrôlées.

La volonté du gouvernement de répondre aux attentes populaires est sincère, mais il n’en reste pas moins que les plus riches pourraient contribuer davantage à améliorer le sort de leurs concitoyens par un système d’impôts et taxations plus justes.

Publié le dimanche 27 février 2011


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