C’est en décembre 1985, alors que la répression s’abattait sur tous les opposants au régime d’apartheid que le Cosatu a vu le jour, succédant au Sactu qui avait joué un rôle important dans la rédaction et l’adoption de la Charte de la Liberté.
En décembre 1985 à sa fondation, le Cosatu réunissait 500 000 adhérents et 33 syndicats. Aujourd’hui il compte 2 millions de membres et 20 syndicats. Il a étendu son influence dans des secteurs d’activité où les syndicats n’avaient jamais réussi à s’implanter sous le régime d’apartheid : les ouvriers agricoles et les domestiques.
La lutte des travailleurs et la lutte pour la libération se rejoignaient dans le même effort pour en finir avec l’apartheid. Cyril Ramphosa, un des fondateurs du Cosatu l’exprimait ainsi « la lutte des travailleurs dans les entreprises ne peut pas être séparée de la lutte de libération. Si les travailleurs sont amenés à diriger la lutte pour la libération nous devons gagner la confiance des autres secteurs de la société... »
De nombreux syndicalistes, simples adhérents ou dirigeants ont sacrifié leur vie dans cette lutte au point qu’il était impossible de faire la différence avec les membres de l’Anc. La plupart, syndicalistes ou membres du mouvement de libération étaient aussi membres du Parti communiste d’Afrique du Sud, le Sacp. Tous étaient des combattants de la liberté.
En 1994 quand les dirigeants de l’apartheid ont dû s’avouer vaincus et que les premières élections libres ont donné la majorité à l’Anc, celui-ci a scellé une alliance avec le Cosatu et le Sacp.
Des analystes politiques ne manquent pas de faire remarquer que l’allié de l’Anc est très souvent beaucoup plus critique à l’égard du gouvernement que les partis d’opposition « alors qu’il y a peu de partis au pouvoir dans le monde qui a des liens si proches avec le monde du travail ». Le Cosatu est apparu dès le premier mandat de Thabo Mbeki avec la mise en place de la politique néolibérale du Gear (Croissance, emplois et redistribution) comme le défenseur des travailleurs et plus largement des pauvres.
C’est cet engagement pour les plus déshérités qui a causé des tensions avec le gouvernement de Thabo Mbeki et qui a amené le Cosatu à soutenir la candidature de Jacob Zuma à la présidence de l ‘Anc comme successeur à Thabo Mbeki au congrès de Polokwane.
Mais ce soutien est loin d’être aveugle et aujourd’hui le critique le plus acerbe des « chats gras », des « hyènes au pouvoir » est le secrétaire général du Cosatu Zwelinzima Vavi. Avec un chômage officiel de 25% mais certainement plus proche de 40% de la population active, le Cosatu bataille pour la création d’emplois tout en poussant ses troupes à ne rien céder de ses revendications de salaires. Ce qui l’amène parfois à s’embarquer dans des grèves impopulaires comme la dernière grève dans le secteur public.
L’organisation récente d’une conférence de la société civile montre à quel point le Cosatu est un acteur fondamental dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie de la majorité de la population au point que l’Anc en prenne ombrage et crie à la trahison.
Le bateau de la triple alliance est souvent pris dans des remous dangereux, les désaccords entre les partenaires sont flagrants, pourtant chacun sait que cette alliance est indispensable pour aller de l’avant. Le rôle du Cosatu au sein de l’alliance n’est pas non plus exempt d’ambiguïté alors qu’il doit défendre les intérêts de ses adhérents dans la tourmente de la mondialisation qui n’épargne pas l’Afrique du Sud.
Si les Sud-africains sont libres, les mots du premier Président du Cosatu, Eliya Barayi, 25 ans après sont toujours d’actualité « nous demandons à tous nos dirigeants syndicaux, à tous les patriotes en Afrique du Sud de travailler ensemble et de coordonner leurs actions pour gagner notre liberté et briser les chaînes de la pauvreté et des salaires de misère qui affligent la majorité de notre peuple en Afrique du Sud aujourd’hui ».
Plus d'informations : cosatu media monitor
Publié le dimanche 5 décembre 2010
© RENAPAS
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