Il est aujourd’hui reconnu que nombre de pays occidentaux avaient délibérément violé les résolutions du conseil de sécurité de l’Onu qui exigeaient un embargo total sur les ventes d’armes et matériel stratégique vers le régime d’apartheid. Dans le scandale des ventes d’armes à l’Afrique du Sud démocratique on retrouve les mêmes pays et les mêmes entreprises empêtrés dans des affaires de corruption.
En 1998 le gouvernement du Président Thabo Mbeki avait estimé qu’il fallait rénover le matériel de l’armée sud-africaine et en dépit d’une forte opposition, y compris au sein même de l’Anc, avait décidé de passer commande pour l’achat de corvettes et d’avions de chasse. Cette décision a pourri le climat politique sud-africain pendant des années et ce n’est pas fini.
Des élus de l’Anc ont joué leur carrière politique à vouloir tenter de faire la lumière sur les soupçons de pot-de-vin, dessous de tables et autres commissions offertes par les entreprises qui voulaient obtenir ce juteux marché. Andrew Feinstein, ancien responsable de la commission d’enquête parlementaire montre dans son ouvrage que Jacob Zuma n’était qu’un maillon d’une longue chaîne de dysfonctionnement au sein du gouvernement et du parti au pouvoir.
Tous ceux qui avaient montré du doigt les corrompus n’ont pas manqué aussi de dénoncer les corrupteurs, c’est -à- dire les grands fabricants de matériel militaire comme Thomson CSF, ou plus exactement sa filiale sud-africaine Thint, Thyssen Krupp, British Aerospace, Saab que l’on retrouve toujours quand il s’agit de vendre du matériel militaire.
Après de multiples rebondissements, BAE Systems, le plus gros fabricant d’armes de Grande-Bretagne est accusé par le SFO britannique, l’organisme chargé de la répression des fraudes graves, d’avoir versé des pots-de-vin à l’Afrique du Sud, mais aussi à la République tchèque et à la Roumanie ainsi qu’à la Tanzanie pour remporter les marchés. Pour l’Afrique du Sud, il s’agissait en 2001, de la vente d’avions de chasse Hawk pour la somme de 1,6 milliards de livres sterling et BAE aurait versé 110 millions de livres en dessous-de-table pour remporter le contrat.
Mais alors que des enquêtes sont en cours, le SFO autorise BAE de plaider coupable et de verser une amende de 100 millions de livres au gouvernement britannique pour mettre fin à l’affaire, ce qui est, font remarquer de nombreux commentateurs, une façon de reconnaître que la corruption n’est pas si grave que cela.
On est loin d’avoir fait toute la lumière sur cette affaire et de l’aveu même des autorités judiciaires sud-africaines, il faudra au moins encore dix ans avant d’avoir examiné les milliers de pages contenus dans 460 boîtes d’archives pour savoir enfin la vérité, à condition bien évidemment que personne ne vienne mettre des bâtons dans les roues des enquêteurs.
Lire Andrew Feinstein : After the party, a Personal and Political Journey inside the ANC Editions Jonathan Ball 2007
Paul Holden : The Arms Deal in your pocket Editions Jonathan Ball 2008
Publié le dimanche 21 novembre 2010
© RENAPAS
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