Le paradoxe du meurtre d’Eugene Terre Blanche est d’avoir révélé au grand jour les difficiles relations entre les communautés, les frustrations des uns et la peur des autres, dans le monde rural sud-africain. La mort d’un raciste convaincu va certainement obliger le gouvernement à se pencher sur les conditions de vie dans les zones rurales et à revoir une réforme agraire défaillante.
Le meurtre du dirigeant d’extrême droite a mis sur le devant de la scène d’une manière tragique la situation réelle des ouvriers agricoles sud-africains. Rien de vraiment nouveau, mais les syndicats qui ont déploré cet acte de violence reviennent sur la réalité vécue par des milliers d’ouvriers agricoles et exigent des négociations urgentes pour « une amélioration du traitement des ouvriers agricoles sous peine de voir la violence se déchaîner ».
Selon des enquêtes récentes, la plupart des ouvriers agricoles sont payés en dessous du minimum légal, leurs enfants de 8 ou 9 ans travaillent dans les champs au lieu d’aller à l’école et étant donné le climat d’intimidation seulement 3 à 4% des ouvriers appartiennent à un syndicat.
Une façon simple de ne pas payer le salaire minimum légal de 1231 rands par mois (environ 120 euros) est de pratiquer la retenue sur salaire pour le loyer, l’électricité et les achats effectués au magasin de la ferme. Cette façon de faire est diabolique parce qu’à la fin du mois, l’ouvrier ne touche pas un centime, mais en plus il augmente sa dette chaque fois un peu plus. Le patron le tient alors à sa merci.
Le Cosatu rappelle aussi les innombrables cas de violence envers les ouvriers que les patrons confondent « avec des babouins, des chiens ou des sangliers » et sur lesquels ils tirent sans pitié. Sans compter les ouvriers sur qui on lâche les chiens ou bien qu’on jette dans les enclos des lions et les innombrables familles qui sont chassées de leurs maisons et se retrouvent sans rien sur les routes.
Dans les provinces rurales comme celle du Nord-Ouest, les fermiers et la police travaillent la main dans la main si bien que les fermiers s’en tirent toujours bien quand ils sont accusés d’actes racistes et violents, alors que c’est rarement le cas pour les ouvriers qui sont accusés d’actes de violence envers leurs patrons. Dans plusieurs procès ce sont les ouvriers qui ont été accusés de racisme envers leurs patrons ! Bien évidemment ces conditions déplorables sont encore pires pour les travailleurs illégaux.
L’attitude des fermiers blancs qui considèrent leurs ouvriers comme des esclaves sur qui ils ont droit de vie et de mort n’est plus tolérable 15 ans après la fin de l’apartheid. Le meurtre d’un fermier raciste et au comportement violent exige une transformation rapide et en profondeur de la vie quotidienne des ouvriers agricoles avant qu’il ne soit trop tard.
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Publié le lundi 12 avril 2010
© RENAPAS
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