Les mauvais résultats au « matric » ont suscité de nombreux commentaires sur la crise de l’éducation et des solutions pour y remédier. La plus radicale, émise par le parti d’opposition, l’Alliance démocratique, de supprimer le droit de grève des enseignants, risque de faire des vagues. Tout le monde s’accorde à constater que l’éducation est en crise, mais les raisons de cette crise sont multiples.
L’héritage de « l’éducation bantoue » réservée aux enfants noirs pèse lourd, au plan matériel comme pour la formation des maîtres. Très peu de construction d’écoles dignes de ce nom dans les zones rurales, où l’on enseignait à l’ombre d’un arbre. Pas de laboratoires, ni de bibliothèques dans les écoles des townships. Pas d’enseignement de dessin, de musique, de sports, l’enseignement des sciences et des mathématiques réservé aux écoliers blancs, pas ou peu de formation des maîtres, l’état des lieux est un véritable désastre quand l’Anc arrive au pouvoir en 1994.
L’éducation est pourtant une priorité de tous les gouvernements qui vont se succéder, et l’Afrique du Sud est un des pays dont le budget pour l’éducation est le plus élevé. Pour certains, la refonte des programmes a été trop ambitieuse et la formation des maîtres n’a pas suivi. Pour d’autres la fuite des enfants noirs vers les anciennes écoles blanches quand les parents peuvent payer les frais de scolarité, laissent les écoles les plus pauvres fréquentées par les écoliers noirs, sans ressources. D’autres encore avancent la faiblesse des salaires des enseignants pour des charges de travail toujours plus lourdes.
Pour les partis d’opposition, en particulier l’Alliance démocratique, le syndicat enseignant, le Sadtu, affilié au Cosatu, qui ne compte pas moins de 234 000 adhérents, par son agitation et ses appels à la grève, serait responsable de l’état actuel désastreux du système éducatif , « un génocide sur les enfants noirs » comme n’hésite pas à la décrire un analyste.
Pourtant les enseignants ne sont pas les travailleurs qui font le plus souvent grève, mais quand ils font grève, c’est souvent une grève massive et cela un impact social grave, comme les grèves dans le secteur hospitalier.
C’est en partant de ce constat que l’Alliance démocratique veut soumettre auprès du Ministère du travail une demande pour que l’enseignement soit considéré comme « un service essentiel », c’est-à-dire selon la définition légale « un service qui, s’il était interrompu, mettrait en danger la vie ou la santé des personnes ». L’enseignement jusqu’à présent ne fait pas partie de cette catégorie de service.
L’Alliance Démocratique, qui reconnaît le droit de grève, avance que ce droit peut être limité au moins tant que le système éducatif ne sera pas capable d’améliorer sérieusement la situation actuelle. L’absentéisme des enseignants, la désorganisation des examens créent un climat défavorable et donnent une image dévalorisante de l’école.
Une autre piste proposée par l’Alliance démocratique est la réintroduction des inspecteurs scolaires. Jacob Zuma a aussi évoqué cette option dans son Discours à la Nation. Mais le Sadtu a immédiatement réagi en déclarant qu’il ne voulait pas un simple retour aux inspecteurs qui viennent une fois par an et qui se contentent de montrer du doigt l’enseignant fautif, mais qu’il voulait un nouveau système d’évaluation des enseignants, avec un rapport écrit, un bonus financier pour les bons professeurs et des formations adéquates pour ceux qui en ont besoin.
Pour en savoir plus sur la crise de l’éducation, on peut lire :
The Toxic Mix
What’s wrong with South Africa’s schools and how to fix it
Graeme Bloch
Tafelberg Cape Town
Plus d'informations : cosatu media monitor
Publié le mardi 16 février 2010
© RENAPAS
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