La Commission Vérité et Réconciliation a permis d’apaiser les tensions et a été une avancée considérable vers la réconciliation, mais elle n’a pas résolu toutes les questions que les victimes de l’apartheid continuent à se poser en matière d’indemnités en particulier et de façon plus générale de l’impunité dont ont bénéficié les complices de l’apartheid.
Nul ne saura jamais le nombre exact des victimes de l’apartheid étant donné que le système privait de tous leurs droits élémentaires la majorité de la population sud-africaine. Depuis le nourrisson noir privé de soins et de nourriture jusqu’au militant mourant sous la torture, combien sont-ils ?
Ce que l’on connaît mieux , ce sont les noms des grandes compagnies qui ont apporté leur soutien au régime en leur vendant technologie et matériel et celui des banques qui ont accordé des prêts pour acheter tout ce dont l’armée et la police de l’apartheid avait besoin pour la répression.
L’organisation Khulumani Support Group milite depuis 1995 pour que ces grandes compagnies multinationales et ces banques soient jugées comme complices des crimes commis par le régime d’apartheid et rendent une partie de leurs profits criminels en versant des indemnités aux victimes de l’apartheid.
Une loi américaine Alien Tort Act accorde le droit à des étrangers de porter plainte devant un tribunal américain contre ceux qui ont violé leurs droits. En prenant appui sur cette loi, les avocats de Khulumani Support Group on porté plainte pour les victimes de l’apartheid contre ces sociétés et ces banques.
Mais des juristes sud-africains rejettent cette procédure en faisant valoir que seuls les individus et les états peuvent être accusés de complicité, des banques ou des compagnies ne peuvent pas être tenues pour responsables de ce qui se passe dans un pays où elles sont actives.
La bataille juridique fait rage depuis des années et le gouvernement de Thabo Mbeki n’avait jamais soutenu cette demande. Tout au contraire, soucieux de ne pas voir s’enfuir de potentiels investisseurs, le gouvernement plaidait pour que ces compagnies ne soient pas reconnues coupables de complicité.
Le Professeur Kader Asmal, ancien militant anti apartheid, ministre sous les présidences de Nelson Mandela et Thabo Mbeki rejette l’idée que des Sud-Africains aillent porter plainte devant un tribunal étranger pour des crimes commis en Afrique du Sud. « Nous nous sommes battus pendant des années pour devenir maître de notre destinée de Sud-Africains. Alors pourquoi remettre dans les mains de 12 personnes choisies au hasard d’un jury américain ce que l’apartheid nous a légué ? »
.La Commission Vérité et Réconciliation a accordé des indemnités aux victimes mais beaucoup n’ont pas encore reçu le moindre rand alors que près de 900 millions de rands restent dans les caisse du Fonds du Président, de l’argent qui devait être versé pour aider les individus et les communautés victimes de l’apartheid.
En dépit de la lourdeur et de la lenteur du processus juridique, les plaignants marquent des points d’autant plus que le gouvernement de Jacob Zuma accepte aujord’hui ce que son prédécesseur refusait, à savoir que le droit international prévaut sur le droit national et des syndicats soutiennent cette procédure depuis le début et sont aux côtés des victimes.
Pour Khulumani Support Group « ce n’est pas parce qu ‘ aucune société étrangère n’a été jusqu’à présent reconnue complice des crimes commis par le régime d’apartheid, qu’elles ne peuvent pas l’être ». Les victimes demandent que tous les responsables soient punis et Khulumani Support Group va jusqu’à soutenir que ce ne sont pas seulement les 58000 personnes qui ont porté plainte devant le tribunal new-yorkais, mais tous les Sud-Africains qui ont souffert sous l’apartheid qui ont droit à des réparations.
Au moment où le film Invictus réduit le difficile processus de réconciliation à la volonté d’un homme aussi exceptionnel soit-il que Nelson Mandela, la voix des victimes de l’apartheid se fait toujours entendre pour exiger que tous les coupables soient punis.
Plus d'informations : khulumani support group
Publié le lundi 18 janvier 2010
© RENAPAS
© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP