Le gouvernement de Jacob Zuma a décidé de faire de la lutte contre la corruption la priorité des priorités. Classée au 55e rang des pays corrompus sur 180 par Transparency International, l’Afrique du Sud a connu des cas retentissants de corruption, mais c’est au quotidien que la corruption gangrène la société.
La nation arc-en-ciel a fait rêver, les dirigeants de la lutte contre l’apartheid sont devenus des héros intouchables, l’espoir d’une vie meilleure pour tous à provoquer l’enthousiasme dans une fin de siècle tourmentée. Et pourtant aujourd’hui l’Afrique du Sud est un pays où les pauvres sont toujours pauvres, où le chômage reste la probabilité la plus certaine pour les jeunes, où les conditions de vie déplorables pour la majorité de la population provoquent frustration, colère, racisme et xénophobie.
Le gouvernement veut éliminer « ce cancer » partout, dans les « moindres recoins « de la société et semble bien décidé à s’en donner les moyens. Une réunion du cabinet ministériel a constaté l’inefficacité des mesures antérieures et a décidé de mettre en place un dispositif de lutte contre la corruption plus efficace. Un comité interministériel aura pour mission de traquer tous les actes de corruption dans le service public et surtout de faire comparaître les coupables devant la justice et de mettre fin à l’impunité. On s’attend à ce que le comité interministériel fasse des propositions concrètes rapidement. Des amendements législatifs et la mise en place d’une brigade anticorruption sont des axes de réflexion.
Divers rapports montrent que tous les ministères sont touchés par la corruption, que les appels d’offre sont entachés d’irrégularités et que celui qui remporte l’appel est celui qui a donné le plus de dessous de table. Le procès en cours de l’ancien chef de la police Jackie Selebi montre la collusion de la police, du crime organisé et du monde des affaires.
Le gouvernement a pris conscience du manque total de confiance de la population dans les services publics. Les élus locaux utilisent ouvertement leurs positions pour attribuer des marchés publics à des membres de leurs familles ou à des amis et mettent dans leurs poches l’argent de la communauté.
La visite surprise de Jacob Zuma dans un camp de squatters de la township de Tembisa, où les habitants ont protesté contre les conditions sordides dans lesquelles ils vivent, pourrait être suivi d’un grand nettoyage dans les municipalités : « certains conseillers pourraient se retrouver sans emploi, s’ils continuent à ignorer les besoins de leurs administrés » a déclaré le Président. Ce quartier de baraquements infestés par les rats dispose d’un seul robinet d’eau potable et seulement de latrines. C’est un des lieux où les émeutes xénophobes en mai 2008 ont fait des ravages. La criminalité y est très forte et les rapports entre la police et la population très mauvais.
Les grandes victimes de la corruption sont les gens ordinaires qui comptent sur les services publics pour améliorer leur vie quotidienne. La corruption revient pour le Sacp « à voler les pauvres » et le Cosatu y voit une menace réelle pour la vie démocratique du pays. Les fonctionnaires ne peuvent pas à la fois servir l’état et leurs propres intérêts. Le secrétaire général de l’Anc a fait cette remarque inquiétante :« Il est effrayant de voir la vitesse à laquelle l’élection à un poste de responsabilité est considérée comme une opportunité d’enrichissement personnel ».
Le service public n’est pas le seul à être corrompu. C’est la pratique courante dans le monde des affaires. Une enquête révèle que plus de 60% des compagnies sud-africaines reconnaissent avoir utilisé ou avoir été victimes de pratiques de corruption. Cosatu Media Monitor
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Publié le vendredi 20 novembre 2009
© RENAPAS
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