Depuis sa création, le 8 janvier 1912, le Congrès National Africain, ANC, le premier mouvement de libération du continent africain a traversé bien des tempêtes, a connu bien des turbulences, mais ce 97e anniversaire marque un tournant particulier dans la vie du mouvement. Un nouveau parti, formé par un groupe de militants déçus, va solliciter les suffrages des électeurs sud-africains aux prochaines élections de 2009 et la célébration de l’anniversaire coïncide avec le lancement du manifeste électoral.
Pour l’ANC qui fait un bilan des 15 dernières années de son gouvernement pour améliorer la vie des Sud-africains, ces élections doivent renforcer et améliorer les acquis, en particulier dans le domaine de l’éducation où l’héritage de l’éducation bantoue réservée à la population noire pèse encore très lourd dans l’accès au savoir, à la formation et à la culture. Il s’agit maintenant « de construire sur ces acquis en mettant en place les bonnes politiques et les bons programmes pour accélérer le changement dans les cinq prochaines années ».
Pour l’élaboration de son manifeste, l’Anc a largement fait appel à la contribution de chacun pour que le programme reflète au mieux les besoins et les attentes de la population. Après son appel à contribution, cinq axes ont été identifiés : la création d’emplois décents ; l’éducation : la santé ; la lutte contre la criminalité et la corruption ; le développement des zones rurales assurant la sécurité alimentaire et s’appuyant sur la réforme agraire.
Au cours du dîner offert par l’Anc pour célébrer son anniversaire, le président Jacob Zuma n’a pas manqué de souligner, sans toutefois nommé aucun parti, combien la campagne électorale va être animée en ces termes : « Nous pouvons nous attendre à une campagne vigoureuse et intéressante. Nous pouvons nous attendre à l’émergence de différents partis qui vont faire valoir leurs points de vue et leurs programmes politiques. Nous sommes impatients de ce vigoureux combat d’idées. Nous pouvons nous attendre à beaucoup de bruit car chaque parti va entrer en compétition pour mettre au point son programme et attirer les électeurs ».
Les alliés de l’ANC, le Cosatu et le Sacp dans leurs déclarations pour saluer les 97 ans de l’organisation ont expliqué pourquoi ils apportaient leur soutien à l’ANC.
Le Cosatu donne les deux raisons de son soutien au manifeste électoral de l’ANC. La première est que ce manifeste est le résultat d’une large consultation populaire, la seconde que ce manifeste fait écho aux aspirations des travailleurs et de la majorité de la population. C’est pourquoi le Cosatu « n’épargnera aucun effort pour assurer une large victoire de l’Anc aux prochaines élections ». Le Cosatu précise aussi qu’il est nécessaire au cours de la campagne de parler des avancées réalisées depuis 15 ans afin « de ne pas jeter la confusion en faisant croire que rien n’a changé depuis 15 ans ».
Le Sacp, de son côté, avance trois points fondamentaux pour son soutien plein et entier à l’ANC pour les élections à venir. La transformation sociale est loin d’être achevée et les 15 ans d’acquis ne doivent pas être perdus dans la confusion électorale. La question des inégalités de genres, de classes, de relations sociales est toujours d’actualité et il n’y a que l’ANC qui puisse trouver les réponses pour atteindre les objectifs d’une véritable transformation de la société sud-africaine. La deuxième raison est que le Sacp est en plein accord avec les cinq points du manifeste électoral et la troisième raison est que l’alliance Anc- Cosatu-Sacp a « les traditions révolutionnaires, la capacité, la volonté et la détermination pour véritablement améliorer la vie des Sud-Africains ». Pour le Sacp la mobilisation populaire pour atteindre les objectifs du Manifeste va de pair avec la victoire électorale.
Nelson Mandela a aussi envoyé un message à l’Anc en ce jour anniversaire. À 90 ans, le grand homme se dit fier de pouvoir encore envoyé un message de félicitations à l’organisation qu’il a dirigée pendant des années, mais il a tenu à mettre les choses au point pour les prochaines échéances électorales. « Il y a eu beaucoup de spéculations sur ma position concernant les derniers événements au sein de l’organisation. J’ai choisi -et je l’ai fait savoir publiquement que je ne voulais pas être impliqué dans ces affaires ou tout autre question politique. C’est à la nouvelle génération de diriger l’organisation et de prendre ses responsabilités, notre génération l’a fait aussi bien qu’elle a pu en son temps ».
Le grand rassemblement dans la province du Cap oriental sera plus qu’un simple événement de commémoration, l’Anc veut en faire un moment qui marquera l’histoire du mouvement.
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Publié le dimanche 11 janvier 2009
© RENAPAS
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