L’annonce des résultats au »matric », l’équivalent du baccalauréat, est toujours un événement national, largement commenté dans la presse. Cette année 592 000 candidats ont passé les épreuves avec succès soit 62,7 % des candidats, un recul par rapport aux 65 % de l’an dernier, mais ce sont les résultats aux épreuves de mathématiques qui ont suscité le plus de commentaires.
Le nombre de candidats qui ont réussi les épreuves de mathématiques a plus que doublé par rapport aux années 1991-07 ce qui a suscité beaucoup d’interrogation. Le professeur Vijay Reddy qui avait dirigé l’étude sur les capacités et performances des élèves en mathématiques et en sciences dans le monde et où l’Afrique du Sud arrivait bonne dernière s’interroge sur la valeur de cette réussite soudaine.
L’accent mis par le ministère sur l’apprentissage des mathématiques et des sciences est louable dans un pays qui n’arrive pas à former les personnels qualifiés de haut niveau dont l’économie à besoin, mais la performance réalisée par les candidats cette année reste suspecte car les tests pratiqués à différents niveaux du cursus scolaire sont très inférieurs aux performances des candidats du « matric « 2008.
Ces résultats mettent aussi en avant les divisions historiques qui persistent entre races, entre pauvres et riches, entre population urbaine et population rurale. Par exemple, dans la province du Kwazulu-Natal, pauvre et rurale, 136796 candidats ont passé les épreuves de mathématiques, mais seulement 79068 ont réussi.
Le SADTU, syndicat majoritaire des enseignants, dénonce l’absence de laboratoires, de matériel pédagogique, de centres de documentation dans les zones rurales. La formation des enseignants reste un défi majeur et certains experts avancent l’idée que les nouveaux programmes sont trop ambitieux et qu’ils ne font qu’agrandir le fossé entre les bonnes écoles, avec du personnel bien formé et de bons équipements pédagogiques pour la plupart situées dans les grandes villes et les écoles pauvres situées dans les anciens bantoustans de l’apartheid.
Un autre souci est celui de « l’évaporation » des élèves : 40 % des élèves n’arrivent jamais au niveau du « matric », c’est - dire qu’ils quittent l’école, mais on ne sait rien de leurs parcours. On ignore le nombre exact de ces abandons, on ignore ce que ces élèves deviennent et l’on ignore ce qu’il faut faire pour qu’ils restent à l’école et en sortent diplômés.
Environ 200 000 échouent au « matric » et il est très difficile pour eux de tenter leur chance une seconde fois. La mise en place de cours de rattrapage, de tutorat pour les élèves faibles reste souvent un vœu pieux et la question des indemnités dues pour ce travail supplémentaire, toujours promises, rarement payées, est souvent pomme de discorde entre les autorités et les enseignants. Le Sadtu souligne que les autorités provinciales ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux du défi éducatif.
L’éducation est un défi national qui nécessite des efforts intenses de la part de tous les partenaires. Sortir de l’éducation au rabais accordée à la majorité de la population pendant des décennies demande non seulement des moyens, ils n’ont pas fait défaut depuis 1994, mais aussi une réflexion plus globale sur la formation nécessaire à ceux qui seront les acteurs du développement de leur pays.
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Publié le jeudi 8 janvier 2009
© RENAPAS
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