La formule « la continuité dans le changement » , ou vice-versa , est le parangon de l’ambiguïté et elle a suscité les commentaires les plus divers allant d’un extrême à l’autre. Plusieurs responsables de l’Anc et de ses alliés sont intervenus pour clarifier le contenu de la politique économique qui devrait être mise en place après les élections de 2009.
Jeremy Cronin, député de l’Anc et secrétaire adjoint du Sacp dans un article du Business Day reconnaît l’ambiguïté de la formule et le manque de clarté sur ce qui va changer ou ne pas changer après le sommet économique tenu par l’Anc, le Sacp et le Cosatu le 20 octobre dernier.
La politique économique du pays repose sur la croyance que le marché est source de croissance et que cette croissance peut être redistribuée en partie sous forme d’aide sociale, mais dans un pays où la majorité de la population est pauvre, le marché se limite à une couche moyenne nouvelle alors que l’aide sociale explose, ce qui est insoutenable à long terme. Les exigences du marché ne recoupent pas forcément les demandes sociales.
Le défi est donc de changer pour une politique de transformation économique créatrice d’emplois et de richesses qui pourront être consacrées aux besoins fondamentaux d’une société de développement, c’est-à-dire l’éducation, la santé, etc. C’est en cela que réside le changement à « gauche » qui préconise un plan de développement économique et industriel sous la houlette d’un conseil restreint autour du Président.
Jeremy Cronin insiste sur la nécessité pour ce cabinet restreint de dialoguer, de débattre , de contrôler les progrès qui seront faits, une façon de faire très éloignée de la pratique du précédent gouvernement qui faute de cohérence cédait trop facilement aux pressions de toutes sortes, source de favoritisme et de corruption.
Le secrétaire général du Cosatu Zwelinzima Vavi a voulu, lui aussi, être clair en s’adressant au monde des affaires et le rassurer en affirmant que ni le Cosatu, ni le Sacp avaient « kidnappé » l’Anc pour l’obliger à adopter une nouvelle politique économique.
En tant que syndicaliste, il aimerait bien que l’Anc inclut les revendications du Cosatu dans son manifeste électoral « mais l’Anc n’est pas une association de travailleurs, c’est un mouvement de libération et il lui faut respecter un équilibre entre les intérêts du monde des affaires et celui des travailleurs. On va retenir ce qui marche et revoir ce qui ne marche pas ».
Ce qui est à revoir, ce sont les politiques d’éducation et de formation qui n’arrivent pas à fournir le personnel qualifié dont le pays a besoin et qui sont les leviers indispensables pour la création d’emplois de qualité et l’éradication de la pauvreté.
Ben Turok,un autre député de l’Anc,a lui aussi donné son opinion sur ce "virage à gauche" dans les colonnes des journaux pour expliquer ce qui est nouveau et en quoi la politique définie par le sommet économique de l’alliance est « un mélange de neuf et d’ancien ».
La crise financière mondiale rend ces questions économiques encore plus sensibles car il faut avoir une idée dont l’Afrique du Sud résistera à cette tempête. Pour lui, la nouveauté réside dans la mise en place d’une commission de planification qui aura pour mission de planifier, de coordonner, de contrôler et d’évaluer les objectifs de la politique économique et industrielle. Les objectifs du Black Economic Enpowerment seront liés à ces objectifs afin d’éviter le détournement pour des objectifs d’enrichissement personnel.
L’économie mixte va donc continuer, mais le marché et la finance ne seront plus les seuls à prendre les décisions, le gouvernement aura aussi son mot à dire pour répondre aux objectifs de développement attendus par la majorité de la population sud-africaine depuis 1994.
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Publié le lundi 10 novembre 2008
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