La décision du juge Chris Nicholson a donné satisfaction à ceux qui dénonçaient depuis longtemps la manipulation politique dans le procès contre Jacob Zuma. Cette décision va peut-être apaiser certaines tensions, mais elle pose aussi beaucoup de questions sur la réelle séparation des pouvoirs dans la jeune démocratie sud-africaine et le respect de la constitution.
L’affaire a commencé en 1999 quand le parquet a fait savoir à la presse que Jacob Zuma était soumis à une enquête concernant un marché de ventes d’armes à l’Afrique du Sud par le groupe français Thalès. En 2003, son conseiller financier, Shabir Shaik a été inculpé pour fraude et corruption, mais Jacob Zuma « bizarrement » n’a pas été poursuivi et donc n’a pas pu se défendre. Tout au long des années, la saga de la vente d’armes a été une suite de rebondissements étonnants, de rumeurs, de démission, ce qui amène ses partisans à dire que l’inculpation de Jacob Zuma « a été manipulée politiquement « et qu’il a été la victime de machinations pour briser sa carrière politique.
Le renversement de la situation en faveur de Jacob Zuma va définitivement ternir la fin du mandat du Président Mbeki dont la politique a déjà été désavouée par la conférence nationale de l’Anc à Polokwane. Après les graves accusations de l’interférence du pouvoir dans les affaires de la justice, ce qui est une violation de la constitution qui établit clairement l’indépendance de la justice le sort de l’actuel président est suspendu à la décision que doit prendre le Comité national exécutif de l’Anc et aussi le Parlement.
Le départ de Thabo Mbeki n’est plus une question de « si « , ’ mais de « quand » a déclaré le Président du groupe parlementaire de l’Anc ajoutant « la vie politique ne peut plus suivre son cours comme avant » après les accusations du Juge Nicholson. Non seulement le Président Mbeki, mais des membres de son cabinet et deux ministres de la justice sont accusés de « s’être mêlés » des affaires de la justice.
Le Parlement qui va bientôt se réunir peut décider du sort du Président. Selon la constitution, le Président peut être démis de ses fonctions si la motion de censure contre lui est approuvée par une majorité des deux tiers. Il doit alors dissoudre l’assemblée et appeler à des élections anticipées dans les 90 jours, mais Zuma lui-même n’est pas favorable à cette solution L’Anc a trop montré ses divisions, ses querelles de factions et il lui faut retrouver son unité avant d’affronter les électeurs. Ironiquement, c’est Jacob Zuma qui pourrait trouver la solution pour sauver son adversaire d’un départ infamant.
Toute cette affaire a fortement ébranlé la classe politique et l’opinion publique. La demande par l’opposition d’une commission d’enquête parlementaire indépendante pour faire toute la clarté sur les zones fangeuses des corridors du pouvoir semble la solution pour redonner vigueur à cette jeune démocratie chancelante.
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Publié le mercredi 17 septembre 2008
© RENAPAS
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