C’est devant plus de 2000 personnes réunies dans le grand hall de l’université du Cap que le Pasteur Allen Boesak a donné la 5e conférence en mémoire de Ashley Kriel. Accompagné par Lynne Brown, nouveau Premier ministre de la province, ce vétéran de la lutte anti-apartheid a mis en garde contre le retour des divisions raciales.
. Ashley Kriel était un jeune militant de l’aile armée de l’Anc , Umkhonto we Siswe, qui a été abattu par les forces de sécurité du régime d’apartheid en 1987 à Athlone, dans le quartier métis du Cap. En 2004, un mémorial Ashley Kriel a été inauguré par l’Institut pour la justice et la réconciliation et chaque année une personnalité est invitée à donner une conférence à l’Université du Cap.
Cette année, le Pasteur Allen Boesack, un des fondateurs du Front démocratique uni en 1983, a été choisi comme orateur. Alors que tous les mouvements d’opposition au régime comme l’Anc ou le Sacp étaient interdits et ses militants pourchassés, ce mouvement qui regroupait plus de deux cents organisations de femmes, de jeunes, les syndicats, les églises sous la direction de personnalités comme Allen Boesak ou Albertina Sisulu a permis une mobilisation de masse contre le régime.
Sous les applaudissements Allen Boesak a fustigé les dirigeants qui ne pensent qu’à s’enrichir et le repli identitaire sur son ethnie. Il a rappelé que la lutte contre l’apartheid avait réuni tous les Sud-Africains et qu’ils avaient su à l’époque refuser de « flirter avec l’ethnicité parce qu’elle ne résout pas les différences, elle les enracine. Quand on quitte le chemin étroit de la non-racialité, on est inexorablement attiré vers le camp du nationalisme ethnique ».
Le repli sur soi, sur ceux qui nous ressemblent, qui pensent comme nous ou parlent comme nous, fait oublier les autres qui souffrent tout autant. Ainsi, il a dénoncé la résurgence du nationalisme chez les Afrikaners et chez les Métis qui se sentent trahis par le nouveau pouvoir. En fait, a affirmé Boesak « ils ne voient pas, que ce qui est arrivé en Afrique du Sud depuis 1994 est une trahison, pas la trahison des Métis , mais de tous ceux qui sont marginalisés, de tous les pauvres et les démunis ».
Ceux qui se vantent d’être « Africains » rejettent tous les autres, Blancs, Métis et même leurs frères Khoi ou San, descendants des premiers habitants de ce pays. Ce rejet de l’autre va jusqu’à rejeter les Africains des pays voisins comme on l’a vu avec les récentes émeutes contre les immigrants.
L’Anc au gouvernement « a aussi succombé à cette tentation subtile et perverse de la pensée ethnique, du langage ethnique ...et a ramené le système haï de la catégorisation raciale ». Mobiliser les gens sur des critères ethniques « n’est ni sûr, ni juste ». Le problème aujourd’hui en Afrique du Sud n’est pas un problème ethnique, mais le fait que « les pauvres ont été trahis, que les dirigeants n’ont plus foi dans le peuple, n’ont plus de vision pour la nation. C’est un problème de rupture avec le peuple, de soif sans fin pour le pouvoir, d’aveuglement et d’arrogance insensée’ .
Le conférencier a aussi fait allusion à la phrase du Président de la Ligue des jeunes de l’Anc qui a provoqué la stupeur et la colère en déclarant que son mouvement était« prêt à tuer pour Zuma ». Il a comparé cette déclaration à la formule de Nelson Mandela « prêt à mourir pour la liberté de son peuple ». en ajoutant que certainement Jacob Zuma lui-même ne voudrait pas qu’on meure pour lui.
En dépit du ton très accusateur pour l’équipe au pouvoir, Allan Boesak a réaffirmé son espoir pour que le peuple d’Afrique du Sud surmonte les difficultés présentes et que les dirigeants offrent « une politique d’espoir » à tous ceux qui sont déçus et se sentent frustrés après la formidable victoire sur le régime d’apartheid.
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Publié le lundi 4 août 2008
© RENAPAS
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