La question de la terre est une question douloureuse en Afrique du Sud, le rappel d’une histoire de souffrance et d’injustice. La restitution des terres à ceux à qui elle a été volée est un des fondements de la constitution actuelle et ne pas répondre aux attentes sur cette question vitale met cette constitution en danger.
Le gouvernement admet que la restitution des terres est trop lente, que les aides apportées ne sont pas toujours à la hauteur des besoins, que le manque de savoir faire et de compétences à mener à des échecs patents. Il est clair que si la réforme suit son cours actuel, l’objectif gouvernemental fixé pour 2014, que 30% des exploitations de cultures commerciales soient aux mains de fermiers noirs ne sera pas atteint.
Cette réforme est d’autant plus urgente que la mondialisation vient ajouter des défis colossaux à une question nationale ultra-sensible. L’agriculture sud-africaine doit assurer les besoins alimentaires, contribuer à la croissance et à la création d’emplois et être capable d’affronter une compétitivité sans merci. Sans compter l’ombre inquiétante de la situation au Zimbabwe.
La lenteur des procédures légales pour que les terres soient restituées a mis en jachère des milliers d’hectares de terres cultivables. Pendant la procédure, le propriétaire actuel ne peut plus exploiter ses terres et l’acheteur potentiel ne peut pas emprunter pour acheter.
L’imbroglio judiciaire peut durer des années. Une communauté de la province du Limpopo qui avait déposé un recours en 1994 pour retrouver ses terres dont elle avait été chassée en 1871 n’a pas pu fournir de documents de propriété à cause des lois sur la terre de 1913, mais seulement des documents prouvant qu’elle avait cultivé les terres comme métayers jusqu’en 1980. Les terres avaient entre temps étaient vendues à une compagnie minière qui voulait un accès aux ressources en eau. Finalement, les terres ont été restituées en 2006, mais pour les exploiter, il faut emprunter de l’argent auprès d’une banque et avoir l’autorisation du ministère...
La question des prix est très souvent mise en avant, mais une étude montre que les fermiers blancs font des offres tout à fait raisonnables, les prix ont varié de 1,1% entre 2003 et 2006, et très souvent ils font des offres de partenariat avec des structures gouvernementales. Quand le gouvernement achète la terre, les fonctionnaires oublient que la mise en culture, les récoltes, suivent des cycles naturels qui ignorent la bureaucratie. Résultat, les terres restent en friche ou quand enfin elles pourraient être cultivées, les aides aux nouveaux fermiers sont insuffisantes.
La nouveaux fermiers noirs sont souvent très en colère contre les fonctionnaires qui traînent à fournir les titres de propriété sans lesquelles aucune banque n’accorde de prêts pour acheter du matériel. La sécurité n’est pas assurée non plus et de nombreux squatters s’installent sans que rien ne soit fait pour trouver des solutions.
Il faudrait certainement plus d’argent et de compétences de la part du gouvernement pour que la question de la terre, un enjeu fondamental pour le pays, devienne une priorité et trouve rapidement des solutions pour calmer le mécontentement qui grandit. Source Business Day
Publié le jeudi 8 mai 2008
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