Les accusations d’Eugène de Kock, condamné à 212 années de prison pour les crimes commis sous le régime d’apartheid, contre l’ancien président FW De Klerk et le procès de l’ancien ministre de l’ordre et de la loi, Adriian Vlok rappellent que les crimes de l’apartheid restent une blessure vive pour de nombreux sud-africains.
Du fond de sa prison Eugène de Kock a accusé FW De Klerk d’avoir assisté aux réunions du conseil de sécurité de l’état dans les années 1990 et donc d’être responsable des décisions qui y ont été prises, en particulier la formation de « la troisième force », l’aide au parti Inkatha et l’élaboration de la liste des « gens à supprimer ». Au cours d’une session de la Commission Vérité et Réconciliation, De Klerk avait refusé de répondre sur sa responsabilité dans la formation de « la troisième force ». Dans la conférence de presse organisée après les accusations d’Eugène de Kock, FW De Klerk a à nouveau clamé son innocence et dénoncé la « vision manichéiste de l’Histoire » qui fait, selon lui, de tous les anciens responsables politiques du régime d’apartheid des criminels.
Le procès de l’ancien ministre de l’ordre et de la loi Vlok et du général Van der Merwe accusés d’avoir tenté d’assassiner le Révérend Frank Chicane en 1989 en aspergeant ses sous-vêtements d’un poison mortel, a ravivé les débats passionnés qui entourent la Commission Vérité et Réconciliation. Les accusés ont plaidé coupables, mais beaucoup de questions restent sans réponse : qui a donné l’ordre ? d’où provenait le poison ? combien d’autres personnes ont été victimes de ces procédés criminels ? Ce qui fait dire à Alex Boraine, vice-président de la Commission, que ce procès n’a rien à voir avec la justice et Antjie Krog, auteur de Country of my skull s’interroge sur le fait que ceux qui ont refusé de témoigner devant la Commission se voient amnistiés après une parodie de procès. Pour Mary Burton, une ancienne commissaire de la Commission, cette dernière avait l’immense avantage d’être une procédure claire et responsable devant le peuple sud-africain sur les crimes de l’apartheid, alors que ce procès post-apartheid reste opaque.
L’association Khulumani qui lutte pour les droits des victimes de l’apartheid, rejette tout aménagement de la loi pour les bourreaux et qualifie ce procès de farce qui sape la confiance des citoyens dans la justice. « Les victimes et les survivants se sont battus pour un pays où chaque individu est traité avec le même respect, sans tenir compte de son statut ou de sa position sociale et où chaque personne est égale devant la loi ». Khulumani a lancé publiquement une Charte pour les réparations aux victimes, le jour du procès de l’ancien ministre Vlok.
Frank Chikane, qui a échappé à la mort, s’est dit satisfait de l’issue du procès et a plaidé pour la réconciliation. Mais aujourd’hui encore trop de victimes, trop de familles ignorent la vérité et veulent la connaître pour que les blessures cicatrisent vraiment. Pour Khulumani « la réconciliation a un prix, ce prix est celui du coût des réparations pour les terribles souffrances faites aux individus et aux communautés d’Afrique du Sud ».
Plus d'informations : Khulumani Support group
Publié le vendredi 24 août 2007
© RENAPAS
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