La grève des fonctionnaires qui dure depuis trois semaines pourrait prendre fin, si les syndicats et le gouvernement arrivent à trouver un compromis acceptable pour tout le monde. Les effets économiques dévastateurs de cette grève sans précédent depuis 1994 sont dénoncés, mais les analystes y voient aussi un tournant décisif pour les échéances politiques des mois prochains
Les syndicats ont rabaissé leurs exigences d’augmentation de salaires de 12 % à 10 %, le gouvernement a augmenté ses propositions de 6 à 7,5 % et a aussi, dans le but de remettre en marche les hôpitaux plongés dans le chaos, décidé de réembaucher les 600 infirmières, médecins et personnel de santé, licenciés pour fait de grève. Il promet aussi une attention particulière pour les enseignants qui pourraient obtenir des augmentations de salaires plus importantes pour les débuts de carrière.
Pendant les négociations, la détermination des grévistes reste entière, forts de la solidarité affichée par d’autres syndicats et secteurs d’activité. Le syndicat des policiers, POPCRU, a d’ailleurs décidé de manifester dès la semaine prochaine et les travailleurs d’Eskom, la compagnie nationale d’électricité, se préparent à une grève dès le 4 juillet si leurs demandes ne sont pas entendues. Cette grève risque de paralyser complètement le pays car les trois syndicats, NUM, NUMSA affiliés à la COSATU et qui représentent majoritairement les travailleurs noirs et SOLIDARITY qui représente majoritairement les travailleurs blancs, ont décidé d’une action commune. Tous demandent des augmentations de salaires et l’amélioration des conditions de travail.
Pour la première fois depuis 1994, la grève des fonctionnaires est une grève non-raciale, le NAPTOSA, syndicat des enseignants blancs a rejoint le SADTU, syndicat des enseignants noirs, affilié à la COSATU dans le mouvement. Pour les analystes,, cette particularité " montre le profond mécontentement dans la société " et l’affrontement direct avec le gouvernement sur ces choix économiques qui ne bénéficient qu’à une minorité. Le COSATU lui-même a été surpris du vaste soutien populaire à la grève.
À quelques jours de la conférence politique de l’ANC, qui doit préparer la conférence nationale du mois de décembre, il est clair que la grève reflète les profondes divergences sur la politique économique à mener entre les partenaires de l’alliance tripartite. Zwelinzima Vavi, le secrétaire général du COSATU a exprimé clairement son désaccord sur la politique économique du gouvernement qui est plus en accord avec les besoins du capital qu’avec les besoins de la majorité de la population.
Le désaccord n’est pas nouveau, mais il s’approfondit face à l’incapacité du gouvernement de créer des emplois et de diminuer le chômage qui touche de plein fouet les jeunes et les femmes. " La croissance est basée sur l’augmentation de la consommation des riches, les prix élevés des minerais, les investissements spéculatifs étrangers’ explique Vavi et le gouvernement s’obstine à soutenir des industries qui demandent de forts investissements au lieu de favoriser celles qui demandent une main d’œuvre abondante. Si Vavi reconnaît que " beaucoup à été fait, il y a encore beaucoup à faire... et nous devons nous mettre d’accord sur la manière de mener des actions décisives pour répondre aux besoins de la population" .
L’impact de la grève des fonctionnaires pèsera très lourd dans les prochaines conférences de l’ANC en juin et décembre. Les choix économiques qui seront décidés seront déterminants pour la stabilité politique des années à venir quelque soit celui ou celle qui succédera au Président Mbeki Source Cosatu Daily News
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Publié le mardi 19 juin 2007
© RENAPAS
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