L’industrie minière a joué grand rôle dans la construction du capitalisme sud-africain et du régime d’apartheid, les mineurs de leur côté ont été au cœur des luttes pour dénoncer l’exploitation et participer à la lutte pour l’abolition du régime d’apartheid. Aujourd’hui, le secteur minier est confronté à de nouveaux défis, mais dans le cadre d’une démocratie en construction
Deux chercheurs en sociologie du travail de l’université de Wits viennent de publier les résultats de leur enquête qui met en lumière les aspects nouveaux et contradictoires de l’environnement dans lequel évoluent les mineurs
L’industrie minière est le secteur d’activité qui a été le premier confronté dès les années 1980 a des licenciements massifs, à l’épidémie du sida et aussi la première a participé à la politique du Black Economic Empowerment.
Depuis le mois de février 2007, pas moins de six grèves ont eu lieu dans les mines et principalement dans les mines de platine. Alors que l’extraction de l’or connaît des difficultés les mines de platine sont florissantes et emploient plus de personnel que les mines d’or traditionnelles.
Ce changement a deux conséquences : l’émergence de nouvelles régions minières, dans la province de Mpumalanga et du Nord-Ouest.Des villes comme Rustenberg, Polokwane, Burgersfort deviennent des villes minières qui doivent loger de nouvelles communautés. Le recours à la sous-traitance introduit de nouvelles pratiques qui ne respectent pas les normes légales du travail. On estime entre 30 et 35 % le nombre de mineurs employés par ce type d’entreprises.
L’utilisation de cette main d !œuvre complique le travail du syndicat NUM, traditionnel représentant des mineurs face à la direction des mines. Tout en restant le plus important syndicat, le NUM a plus de mal à recruter avec des travailleurs précaires, d’autant plus que les mines de platine situées sur le territoire des anciens bantoustans n’ont pas une vieille tradition syndicale comme dans les anciennes mines d’or et de diamant de la région de Johannesburg ou de Kimberley
Si le syndicat reste respecté avec ses multiples branches bien structurées, il est néanmoins confronté à une moindre solidarité entre les travailleurs et à l’émergence de rivalités d’origine ethnique ou régionale.
Selon les deux chercheurs, le passage de l’apartheid à la démocratie est paradoxal dans le monde du travail car " les mesures prises pour transformer et répondre aux besoins des travailleurs affaiblissent aussi la capacité du syndicat à apporter des changements...La démocratie dans le contexte de la mobilité de classe est différente de la démocratie dans la lutte de libération. " La solidarité ouvrière se forgeait dans la lutte contre l’oppression raciale et transcendait les lignes ethniques ou régionales ;
Les récentes luttes de succession au sein du NUM où l’on a vu des affrontements selon des clivages ethniques ou régionaux ont montré la fragilité du concept de la construction d’une société non raciale. Le défi du NUM est de trouver un nouveau langage commun pour construire la solidarité entre les travailleurs, dépasser les rivalités ethniques et répondre aux nouvelles attentes.
Le monde du travail a porté les coups les plus rudes contre l’oppression du système d’apartheid, il est aujourd’hui à un tournant de son histoire et il doit surmonter les contradictions inédites d’une démocratie en train de se construire. Source Business Report et Cosatu Daily News.
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Publié le mardi 10 avril 2007
© RENAPAS
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