50 ans après la marche des femmes sur Pretoria et 10 ans après l’adoption de la nouvelle constitution, les femmes d’Afrique du Sud lancent le Mouvement des Femmes progressistes pour que leurs droits deviennent réalité dans une société véritablement non-sexiste.
Les femmes ont toujours lutté contre l’oppression coloniale et celle du régime d’apartheid. Les femmes de l’État libre d’Orange ont manifesté contre le port du pass dès 1913, Charlotte Maxeke a fondé la Ligue des Femmes Bantu en 1913, les femmes ont adhéré comme membres de plein droit à l’ANC en 1943, mais c’est en 1956 que les femmes entreront dans l’histoire sud-africaine en organisant leur marche sur Pretoria.
La mise en place des lois d’apartheid à partir de 1948 va lourdement pénaliser les femmes en leur imposant le port du " pass ", comme aux hommes, pour contrôler tous leurs déplacements. Elles comprirent très vite le danger que cette loi faisait peser sur leur vie quotidienne et elles s’organisèrent pour riposter. La Fédération des femmes d’Afrique du Sud, la FEDSAW, crée en 1954 et qui regroupait toutes les organisations de femmes, décida de marquer un grand coup en réunissant 20 000 femmes de toute race, de toute origine, de toute religion devant le siège du gouvernement, Union Buildings à Pretoria, le jeudi 9 août 1956.
Toutes celles qui ont participé à cette marche en ont fait un récit haut en couleurs. Voici celui de Francis Bard qui faisait partie de la délégation : ".....Toutes les femmes étaient silencieuses. 20 000 femmes debout là, certaines avec leurs bébés sur le dos, et si tranquilles, aucun bruit, attendant. Quel spectacle si calme, et tant de couleurs, beaucoup de femmes en vert, jaune et noir et les femmes indiennes dans leurs saris chatoyants ! Alors Lilian Ngoyi a commencé à parler. Elle a dit que le Premier ministre n’était pas là et qu’il avait eu trop peur de nous voir mais que nous avions laissé les pétitions pour qu’il les voie. Alors, nous sommes restées debout en silence pendant une demi-heure. Toutes, le poing levé, silencieuses, à peine si les bébés pleuraient. Pendant une demi-heure, nous sommes restées là, sous le soleil. Pas un son. Juste l’horloge avec son tic-tac. Et puis Lilian a commencé à chanter et nous avons toutes chanté avec elle. Je n’oublierai jamais ce chant que nous avons chanté. C’était un chant écrit spécialement pour cette occasion. par une femme de l’Etat Libre. Les paroles étaient comme ça : " Toi, Stridjom, tu as touché aux femmes, tu as déplacé un rocher, tu vas mourir ! "
Dans les années 1990, les femmes se réuniront à nouveau pour former la Coalition des Femmes Sud-africaines pour faire entendre leurs voix lors des négociations entre le pouvoir blanc et l’ANC. La Charte des Femmes pour une égalité effective leur permettra de faire entendre les revendications des femmes au niveau politique. C’est grâce à leur mobilisation que la constitution déclare que l’Afrique du Sud est une démocratie " non-raciale et non -sexiste ". et que les femmes sont si bien représentées dans la vie politique à tous les niveaux.
Aujourd’hui, il reste encore beaucoup à faire pour que l’égalité devienne la réalité quotidienne des femmes dans les villes comme dans les zones rurales. Ce sont les femmes qui subissent la pauvreté, les violences et le poids d’une société où les hommes gardent encore le pouvoir au nom de traditions patriarcales. Aussi elles ont voulu à l’occasion du cinquantenaire de leur marche historique réunir à nouveau dans une vaste coalition toutes les femmes d’Afrique du Sud pour combattre les discriminations contre les femmes dans toutes les sphères de la société.
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Publié le samedi 5 août 2006
© RENAPAS
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