Plusieurs articles de presse font écho au débat sur la législation du travail qui depuis son adoption en 1994 a toujours eu défenseurs et adversaires acharnés. Aujourd’hui, la question devient brûlante alors que le chômage galope et la pauvreté persiste.
.Le débat a été réouvert par la réflexion menée à ce sujet par le juriste Halton Cheadle. Celui-ci a été un des principaux artisans de la législation du travail post-apartheid en 1994. Pour lui, ce n’est pas tant la loi qui doit être révisée que les institutions chargées de veiller à l’application de la loi. De fait, ce sont ceux qui ont le plus besoin de cette loi pour protéger leurs droits qui en font le moins usage.
La question aussi est de savoir ce qu’on entend par "flexibilité du marché du travail". Pour les institutions internationales et le monde des affaires, la"libéralisation" du marché du travail est la clé de la croissance et de la création d’emplois.
Pour les syndicats ce qu’ils considèrent comme une" déréglementation" est inacceptable après les luttes très dures qu’ils ont mené pour obtenir une protection légale des droits des travailleurs. D’autre part, personne n’a jamais pu faire la preuve sur le terrain que moins les travailleurs sont protégés, plus il y a de créations d’emplois.
En Afrique du Sud, la montée en puissance par le nombre de personnes concernées de ce que le Président Mbeki a désigné sous le terme de "seconde économie" et ce qu’il est courant d’appeler le secteur informel a créé une catégorie de "travailleurs pauvres" qu’aucune loi ne protége.
Toutefois des analystes montrent que "cette seconde économie" n’est pas complètement coupée du secteur formel d’activités dans des secteurs comme le textile, l’alimentation, la restauration, le bâtiment. Cette "deuxième économie" génère, selon les experts, entre 8 et 12 % du PBI.
Pour alimenter le débat, Tito Mboweni,, actuel gouverneur de la banque centrale et ancien ministre du travail sous le mandat duquel l’actuelle législation du travail a été adoptée, a déclaré que la loi a été déformée par une application bureaucratique. Cette loi avait pour but de protéger les travailleurs mais aussi "de faciliter les affaires du monde des affaires "
Neva Makgetla, économiste pour le COSATU, admet que l’application bureaucratique de la loi doit être réformée, mais elle récuse l’idée que la loi soit une des causes majeures des problèmes économiques que rencontrent le pays aujourd’hui. "La loi a pour but de permettre une flexibilité adéquate pour l’économie et de s’assure que les droits des travailleurs sont respectés. Le problème n’est pas le marché du travail, mais la structure de l’économie, aggravée par les taux d’intérêt et le rand trop forts"
Plus de 10 ans après la fin de l’apartheid et son système capitaliste particulier qui consistait à exploiter une main d’œuvre de travailleurs noirs taillables et corvéables à merci, la question de savoir comment réformer l’économie pour réduire la pauvreté, créer des emplois et mettre en œuvre une législation du travail satisfaisante pour les travailleurs et l’économie du pays, reste entière.
Publié le jeudi 27 octobre 2005
© RENAPAS
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