Cyril Ramaphosa contre Donald Trump : deux visions du monde

Alors que Trump aligne mensonge après mensonge sur la situation des fermiers blancs d’Afrique du Sud, en affirmant que la nouvelle loi sur la terre va les exproprier sans indemnités et en leur offrant la possibilité de s’exiler aux Etats-Unis, le président Ramaphosa a trouvé les mots appropriés dans ces circonstances bien particulières.« Nous parlerons d’une seule voix pour défendre notre intérêt national, notre souveraineté et notre démocratie constitutionnelle… Nous, Sud-Africains, nous sommes pour la justice et la paix, pour l’égalité et la solidarité. Nous sommes pour la démocratie non raciale, pour la tolérance et la compassion. Nous sommes pour des droits égaux pour les femmes, les personnes handicapées et la communauté LGBTQI+. Nous mettons en avant une humanité partagée, et non pas la survie des plus aptes. »

La communauté afrikaner a plutôt bien réagi à ce discours et Johan Kotzé, PDG de AgriSA a nié toute confiscations de terre de grande ampleur « Soyons clairs, il n’y pas de confiscations de terre de grande ampleur. Nous avons affaire à des cas isolés d’occupations illégales de terre. Quant aux rumeurs établissant un lien entre la promulgation de la loi et le meurtre de fermiers, elles sont sans fondements et irresponsables. Les fermiers restent à leur travail ». AfriForum et Solidarity, deux organisations agricoles ont décliné l’offre « de ré-installation » aux USA.

Le ministère des Affaires étrangères a fait remarquer avec ironie “qu’offrir un statut de réfugiés pour une groupe de Sud-Africains qui reste un groupe parmi les plus privilégiés économiquement, alors que les personnes les plus vulnérables qui viennent du reste du monde se voient refuser tout asile et sont déportés sans ménagement ». Le ministre souligne aussi combien les dernières déclarations de Trump montrent son ignorance de « l’histoire douloureuse du colonialisme et de l’apartheid en Afrique du Sud » et le ministère exprime « son inquiétude devant la propagation de fausses informations sur le pays et que de tels mensonges trouvent écho chez les décideurs des Etats-Unis d’Amérique ».

Le Président Ramaphosa a poursuivi son discours en rappelant que son pays souhaitait un monde de paix et que la politique étrangère de son pays reposait sur « les piliers de la promotion des droits humains, la paix et l’amitié et le renforcement d’un commerce juste avec tous les pays du monde. Ce sera notre ligne conduite pour notre présidence du G20 cette année. Nous avons choisi les thèmes de la solidarité, de l’égalité, du développement durable pour souligner le besoin de coopération et de partenariat entre tous les pays du monde ».

L’attitude déterminée du Président Ramaphosa face au discours haineux et mensonger de Trump lui ont valu l’approbation des partis du gouvernement d’union nationale, qui ne sont, par ailleurs, pas avares de critiques sur la politique de l’ANC. L’Afrique du Sud sous les attaques états-uniennes injustifiées à retrouver son unité dans sa diversité et peut-être aussi son leadership parmi les pays du sud.