Des chefs d’états africains, sous la houlette d’un homme d’affaires, pilier de la Françafrique, ont décidé une tentative de médiation entre Kiev et Moscou pour mettre fin à a la guerre. Le résultat est loin des espérances, mais les enjeux en coulisse de la mise en scène diplomatique sont d’ordre planétaire.
La Fondation Brazaville avait réuni sept chefs d’état pour aller à la rencontre d’abord du Président Zelinski et puis du Président Poutine et tenter d’obtenir des deux pays sinon un arrêt des hostilités au moins un début de dialogue. Trois dirigeants africains ont déclaré forfaits au dernier moment : Denis Sassou NGuesso, le président du Congo Brazaville, Abdel Fattah el-Sisi, président de l’Egypte et Yoweri Museveni, président de l’Ouganda. Ces trois dirigeants ne sont pas connus pour leur fibre démocratique dans leur propre pays, le dernier ayant fait voter une loi qui peut aller jusqu’à la peine de mort pour les personnes LGBTI.
La délégation réduite à quatre personnes a bien été reçue par le Président Zelinski à Kiev, alors que les bombes russes tombaient sur la capitale ukrainienne. La réponse du président Zelinski a été sans appel : « pas question d’une paix gelée, avant de parler de paix, les Russes doivent nous rendre les territoires ukrainiens occupés, Donbass et Crimée ». A Moscou, le Président Poutine a bien écouté Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, plaider pour un cessez le feu « il faut que cette guerre cesse », mais avec son sourire de Joconde glacée, le président russe lui a servi en retour un discours langue de bois.
Alors une mission pour rien ? oui et non. Non si l’on constate qu’effectivement la mission revient bredouille sur le plan d’un arrêt des hostilités, que rien n’a été dit à propos de l’accord sur l’exportation de céréales vers les pays africains obtenu par les Nations unies et la Turquie que Poutine a menacé plusieurs fois de ne pas respecter, que l’Union africaine a exprimé son mécontentement devant cette mission prise à titre individuel et non pas au nom de tous les pays africains.
Oui, si l’on considère que toute initiative pour la paix est bonne à prendre et qu’un dialogue, même ténu a été établi. Cette délégation africaine a surtout eu pour but de montrer qu’il pouvait y avoir une autre voie que l’alignement sur les Etats-Unis et que le choix des alliances pour les pays africains ressort de leur seule initiative. L’effervescence diplomatique de ces derniers jours montre que les cartes de l’équilibre mondial économique et politique sont en train d’être rebattues.
Pour le moment on ne sait toujours pas si Poutine ira en Afrique du Sud pour le sommet des Brics alors qu’un mandat d’arrêt a été émis par la CPI ou si le sommet se déplacera en Chine qui n’a pas signé le protocole de la CPI. Mais l’intérêt manifesté par 17 pays pour rejoindre cette coalition des pays émergents est un indice clair qu’en marge de la guerre en Ukraine, une reconfiguration du monde est en mouvement. Les mois d’été risquent d’être chauds.
Publié le mardi 20 juin 2023
© RENAPAS
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