La côte sauvage de Xolobeni, entre East London et Durban, est l’objet de convoitise de la part des compagnies minières car ses sables regorgent de titane, un minerai rare et indispensable pour l’industrie moderne. Les habitants de Xolobeni veulent défendre leur environnement qui offre une flore riche et unique en Afrique australe. La justice sud-africaine vient de leur donner raison après plusieurs années de combat.
Sikhosiphi ‘Bazooka’ Rhadebe avait été abattu de huit balles de revolver mardi 22 mars 2016 par de faux policiers qui s’étaient présentés à son domicile. Il était responsable du comité Amadiba Crisis Committee (ACC) qui s’opposait à l’ouverture d’une mine de titane sur le territoire de son village. Xolobeni est situé sur la côte sauvage de la province du Cap Est, un paysage de dunes fragiles bordant la mer, convoité par la compagnie minière TEM, filiale de la compagnie australienne MRC pour y ouvrir une mine de titane. Les villageois s ‘opposent devant des années à cette mine qui ruinerait leur mode de vie et l’environnement.
En Avril 2018 , le comité ACC avait porté l’affaire devant la justice qui vient de trancher : le Département des ressources minérales ne peut pas délivrer de licence minière si la communauté n’a pas donner son accord. Cette décision va avoir des conséquences importantes pour l’exploitation des richesses minières du pays car il donne le pouvoir de la décision finale aux habitants et non pas aux chefs traditionnels ou à l’Etat.
Le Ministre des ressources minières, Gwede Mantashe a vivement réagi en déclarant que c’était l’Etat qui était le gardien des richesses minières du pays et que s’il fallait l’accord et non plus la simple consultation des communautés avant de délivrer un permis d’exploitation, c’est toute l’industrie minière qui serait paralysée.
Le jugement met le droit des populations, la jouissance de leurs terres ancestrales, la vie des communautés avant le droit d’exploitation des richesses minières et ce jugement va peser lourd au moment où la question de la restitution des terres est à l’ordre du jour.
La juge Annali Basson a réaffirmé le droit des habitants de Xolobeni de décider de l’usage de leurs terres :« les communautés sont directement affectées par les activités minières, la pollution de l’environnement, la perte de leurs terres agricoles et de leurs pâturages, les déplacements forcés et la dislocation de la communauté ». Pour elle, le Département des ressources minières n’a aucun droit légal à accorder un permis d’exploitation à la compagnie minière sans « un consentement en bonne et due forme » de la communauté de Xolobeni
Pour l’ONG Bench Marks ce jugement est important parce que « les compagnies minières et le Département des ressources minières ne pourront plus se moquer ouvertement des souhaits des communautés en demandant la simple approbation des autorités tribales, qui trop souvent défendent leurs propres intérêt sans tenir compte du souhait des habitants ». Très souvent le chef empoche les royalties pour mener grand et ses « sujets » n’en voient pas la couleur.
Mais la victoire n’est pas définitive car le Ministre des ressources minières peut faire appel et la bataille juridique se fera par la confrontation de deux lois , celle sur la mise en valeur des ressources minérales et pétrolières(MPRDA) et celle de la loi intérimaire sur la protection des droits fonciers informels(IPILRA).
La joie des habitants de Xolobeni est un peu ternie par la crainte d’un appel et aussi par la division qui règne maintenant dans la communauté entre ceux qui sont favorables à la mine, et les avantages temporaires qu’elle pourrait apporter, et ceux qui s’y opposent en voulant préserver un mode de vie et un bien commun ancestral.
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Publié le lundi 26 novembre 2018
© RENAPAS
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