Le 9 février, le Président Jacob Zuma va , comme chaque année, s’adressait à la nation en délivrant son discours State of the Nation Address, dont l’acronyme Sona est devenu l’appellation courante de la performance annuelle présidentielle. Ce discours donne les grandes lignes de la politique pour l’année.
Les citoyens sont un peu las du spectacle, et surtout n’attendent plus grand chose d’une classe politique corrompue ; le bien commun a disparu au profit du chacun pour soi. Alors que le discours fera encore une fois appel aux héros de la lutte, cette fois l’incorruptible Oliver Tambo qui aurait eu 100 ans cette année, promesse sera certainement faite de raser gratis demain
Avant le discours, certains ont fait la liste des maux dont souffrent l’Afrique du Sud et auxquels il faudrait remédier avant la mort annoncée au lieu de spéculer sur les possibles successeurs à Jacob Zuma. Raymond Suttner fait remarquer la vacuité de l’exercice car aucun des candidats potentiels n’a émis la moindre ébauche d’un programme. Il appelle, comme beaucoup de vétérans à un sursaut de la société civile pour un changement de cap radical.
Mark Heywood, militant de la société civile a fait une liste en dix points de ce qu’il espère :
se débarrasser de Jacob Zuma
empêcher le contrat nucléaire du siècle
savoir d’où vient l’argent des campagnes électorales
retrouver un vrai service public de l’audio visuel
rendre chaque élu responsable de l’utilisation des deniers publics
résoudre la crise de l’éducation
résoudre la crise de l’enseignement supérieur
mettre en place un revenu minimal de base
faire comparaître Wouter Basson, Docteur la Mort, devant la justice.
rendre justice à Michael Komape et à sa famille. Michael Komape est ce petit garçon de six ans qui est mort noyé dans les latrines de son école.
Il ajoute que tout cela ne peut se faire que si l’ordinaire citoyen change de mentalité et prend ses affaires en main.
Le Cosatu, le Congrès ses syndicats, a lui aussi fait sa liste et sa priorité des priorités est l’emploi et le renouveau de l’économie. Quand 50% des jeunes sont au chômage, que les entreprises licencient massivement, que les investissement faiblissent, que les capitaux fuient à l’étranger et que la croissance est en berne, il grand temps d’avoir une politique économique audacieuse. « Il est temps de changer la politique néolibérale qui a montré son inefficacité ».
Pour une réelle transformation de l’économie, le Cosatu « aimerait entendre comment le gouvernement prévoit d’utiliser les entreprises d’état comme outil de transformation économique ». Le Cosatu rejette toute idée de faire confiance au secteur privé pour la création d’emploi.
La centrale syndicale veut aussi entendre le Président expliquer pourquoi Eskom bloque toute expansion des énergies renouvelables ; comment il entend faire face à la crise de l’eau et que son prix reste abordable par tous les foyers, y compris les plus pauvres ; comment il va régler le problème de l’accès à la terre, de la crise de l’éducation à tous les niveaux, etc. et en finir avec le gaspillage des ressources financières avec les partenariats public –privé et les appels d’offres truqués.
Vétérans, société civile et syndicat demandent la même chose : mettre fin aux pillages des ressources nationales et à un statu quo fatal pour l’avenir du pays. 2017 sera –t-elle l’année du sursaut ou de la plongée dans les eaux glacées du calcul égoïste ?
Raymond Suttner : Empty Politics in a time of crisis
Mark Heywood : Ten Battles we must win in 2017
Cosatu’s Sona expectations
Publié le mardi 7 février 2017
© RENAPAS
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