L’Afrique australe souffre d’une sécheresse sans précédent qui menace de famine les populations rurales les plus pauvres et dépendantes de l’agriculture familiale pour leur survie. Au Mozambique, les femmes sont particulièrement vulnérables au manque d’eau pour cause de patriarcat persistant.
Dans un article paru dans GroundUp, Ray Mwaereya, explique comment dans le village de Chikwidzire, dans une des régions les plus pauvres du pays, les femmes doivent faire face à la sécheresse, aux maris jaloux, aux prêteurs sans moral et aux chefs tribaux corrompus.
Pour assurer la nourriture quotidienne de la famille, les femmes cultivent les ignames, le sorgho et élèvent des porcs, des chèvres et depuis quelque temps des vaches pour le lait. Tant qu’il a de la pluie, tout va à peu près bien, mais avec la sécheresse il n’y a plus de fourrage pour les bêtes, de graines pour les semences et à peine de quoi manger pour la famille.`
C’est alors que les prêteurs entrent en scène. Ils prêtent une vache ou plusieurs vaches et une somme d’argent que les femmes doivent rembourser en fournissant une certaine quantité de lait, plus l’argent emprunté, augmenté d’un taux d’usure dans un délai de 18 mois, Quand la vache, faute de pâture ne produit plus assez de lait, la femme qui doit absolument rembourser son emprunt sous peine de représailles violentes, n’a pas grand espoir de s’en sortir indemne. Ces prêteurs de villages travaillent pour des gangs organisés pour qui l’argent prêté est d’abord source de gros profits.
La villageoise ne peut pas faire un emprunt légal auprès d’une banque parce qu’elle ne peut signer aucun contrat sans l’accord de son mari. Aucune femme ne s’aventure à briser un tabou ancestral. Une femme qui agit sans l’autorisation de son mari est considérée comme irrespectueuse envers son mari et aller à la banque serait considéré comme un adultère. Les maris, partis travailler dans les mines d’Afrique du Sud sont jaloux, même s’ils ne sont pas revenus au village depuis plusieurs années et ont une autre famille qui vit dans le bidonville qui entoure la mine.
Quand les femmes ne peuvent pas rembourser leurs dettes, le prêteur, echimbadzo dans la langue locale, vient prendre les meubles, les maigres récoltes de fruits et de légumes, souvent bat l’emprunteuse, quand il n’en profite pas pour se payer par un acte sexuel plus ou moins consenti.
Demander justice après du chef local est peine perdue, car il sont le plus souvent soudoyés par les prêteurs et aller au tribunal de la ville la plus proche est tout simplement impossible. « Les tribunaux sont à 300 kilomètres dans la ville de Chimoio. Laquelle d’entre nous a les moyens de parler à un avocat ? » demande une villageoise qui subira comme les autres la sécheresse et les calamités qui vont avec, dans le silence.
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Plus d'informations : Ground Up
Publié le jeudi 15 septembre 2016
© RENAPAS
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