L’Afrique du Sud est un miroir aux alouettes pour de nombreux habitants des pays voisins. Persuadés que l’herbe est plus verte chez le grand voisin, ils affluent du Malawi, du Lesotho, du Swaziland, du Botswana, du Zimbabwe ou du Mozambique. La tradition du travail migrant dans les mines reste vivace alors que les mines sud-africaines traversent une crise avec l’effondrement des cours des matières premières. L’agriculture gravement touchée par la sécheresse n’a plus besoin de travailleurs saisonniers. Un cauchemar pour les migrants illégaux.
Un millier de migrants venus du Malawi sont détenus au centre de Lindela, à l’ouest de Johannesburg, le seul centre de détention pour les migrants sans papiers et il en arrive chaque jour de nouveaux. Le Malawi est l’un des pays les plus pauvres de l’Afrique australe qui a vu l’aide internationale se tarir à la suite du pillage des caisses de l’état par des dirigeants peu scrupuleux en 2013.
La moitié des habitants du Malawi vivent sous le seuil de pauvreté et deux pou trois millions sont frappés par l’insécurité alimentaire. L’économie repose essentiellement sur l’agriculture de subsistance qui est durement frappée par la sécheresse cette année, et qui avait déjà était dévastée par des inondations en 2014. Le prix du maïs qui est l’aliment de base flambe : la sac de 50 kilos a presque doublé, passant de 260 à 400 rands.
Pour jeunes du Malawi dont au moins un sur deux au chômage il n’y a guère d’autres options que de tenter sa chance dans le pays voisin. Le Malawi n’a pas les moyens d’offrir à sa population les services publics de base comme l’éducation, la santé, ni même la sécurité alimentaire.
Une fois passée la frontière illégalement, ils sont à la recherche d’un emploi, mais sans papiers et dans un pays frappé lui aussi par la crise, ils ont peu de chance d’en trouver et ils sont arrêtés et envoyés dans le centre de Lidela avant d’être rapatriés dans leur pays. Les détenus dans ce centre qui étaient avant majoritairement des citoyens du Zimbabwe sont maintenant des citoyens du Malawi. Ils ne peuvent pas restés plus de 120 jours à Lindela. Après la vague de xénophobie de mai 2015, le nombre de migrants illégaux arrêtés et envoyés dans le centre de Lindela n’a pas cessé d’augmenter.
La Commission des droits humains d’Afrique du Sud (SAHRC) et une organisation de juristes pour le respect des droits humains veillent enquêtent sur des cas de maltraitance et sur certaine morts suspectes parmi les détenus du camp. Depuis septembre 2015, 15000 migrants sans papiers ont été reconduits dans leur pays d’origine selon le ministère de l’Intérieur sud-africain.
Le processus de rapatriement est devenu plus lent à cause de la crise qui pèse sur son financement. Alors qu’il a y encore six mois, ce rapatriement se faisait par avion, il se fait maintenant par convoi routier pour réduire les coûts. La crise économique qui frappe tous les pays d’Afrique australe ne promet pas des jours meilleurs à ceux qui rêvent encore de trouver le pays de Cocagne.
Publié le samedi 27 février 2016
© RENAPAS
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