L’Afrique du Sud est frappée par une des pires sécheresses connues de son histoire. Toutes les provinces sont touchées et cinq ont été déclarées en état de catastrophe naturelle. Des mesures d’urgence sont prises pour faire face à la crise, mais pour préserver ce bien commun il faudrait une meilleure gestion de l’eau. Une coopération avec les Pays Bas, experts en la matière, devrait aider l’Afrique du Sud à adopter de meilleures pratiques.
Au temps de l’apartheid, l’eau appartenait à ceux qui avaient le droit de propriété et le pouvoir. Les fermiers blancs n’hésitaient pas à utiliser l’eau des cours d’eau pour irriguer leurs exploitations agricoles sans se préoccuper des populations qui pouvaient vivre près de ces points d’eau. Les compagnies minières ont rejeté et continuent de rejeter dans la nature des eaux acides et polluées sans se soucier de l’impact catastrophique sur l’environnement.
À partir de 1994, le nouveau gouvernement démocratique a mis en chantier une réforme complète de la gestion de l’eau et une nouvelle législation a depuis été adoptée. Alors qu’avant 1994 à peine 40% de la population avait accès à l’eau potable, en 2007 ce pourcentage est passé à 87%, mais les problèmes sont loin d’être tous résolus.
Les plus pauvres qui vivent en zone rurale doivent encore faire des kilomètres à pied pour remplir à un point d’eau la bonbonne d’eau nécessaire à la vie quotidienne, et ce sont les femmes qui accomplissent cette tâche harassante. Dans les townships, des robinets ont été installés tous les deux cents mètres pour desservir les baraques des plus pauvres, mais cette eau est souvent impropre à la consommation. Le problème de l’assainissement est en effet l’un des plus préoccupants car les eaux propres sont régulièrement contaminées par les latrines ou toilettes portables qui débordent.
Deux rapports sonnent le signal d’alarme non seulement pour l’Afrique du Sud, mais pour toute la planète. 2015 Global Risk Report pointe du doigt le risque majeur d’une pénurie d’eau due à la faiblesse des précipitations, à l’urbanisation galopante, aux besoins énergétiques toujours plus élevés, le tout confronté aux changements climatiques et aux caprices du phénomène climatique El Nino.
L’Afrique du Sud qui est au 30ème rang des pays les plus secs de la planète doit faire face aussi à des problèmes de gestion des ressources en eau. Infrastructures vieillissantes, manque de personnel compétent, vandalisme, factures non payées, investissements en baisse sont autant de menaces pour un approvisionnement régulier en eau potable.
Une enquête menée par le South African Cities Network déplore que les dépenses globales pour le maintien de la distribution de l’eau ait baissé de 1% entre 2009 et 2013 dans les grandes métropoles. L’étude pointe du doigt la mauvaise maintenance des réseaux qui aboutit à une perte de 37% de l’eau potable du pays.
Les mesures d’urgence auront du mal à sauver récoltes et bétail. Dans les régions les plus touchées, le bétail erre à la recherche d’un point d’eau, les maïs dessèchent sur pied, les terres trop sèches ne sont pas aptes aux semailles. Les plus pessimistes voient la famine se profiler, et les moins pessimistes s’attendent à des hausses des produits alimentaires qui toucheront d’abord les plus pauvres.
Devant l’ampleur du désastre annoncé, l’Afrique du Sud a fait appel encore une fois aux Pays-Bas, experts dans la gestion de l’eau qu’ils doivent contrôler depuis des siècles pour éviter qu’elle ne détruise leur pays, et qui a déjà offert son expertise en 1998, puis en 2005. Une délégation conduite par le Premier ministre Marc Rutte, accompagné d’experts et de compagnies spécialisées dans la maîtrise et la gestion de l’eau, va rencontrer le Ministre de l’eau et de l’assainissement d’Afrique du Sud et les autorités compétentes pour mettre en place une coopération.
En attendant, les réserves d’eau s’amenuisent, la population restreint sa consommation, le bétail meurt de soif et de faim, les champs sont asséchés. La météo n’est pas très optimiste et les rituels des sangomas et reines de la pluie pour attirer les nuées bienfaitrices n’ont pas encore été suivis d’effet.La grand messe de la Cop21 sera-t-elle plus efficace ?
Publié le mardi 17 novembre 2015
© RENAPAS
© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP