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Violences policières dans les townships, une escalade dangereuse

En moins d’un mois, les manifestations des habitants des townships se sont soldés par au moins six mort par balles. Une commission d’enquête sur le fonctionnement de la police dans le township de Khayelitsha met en lumière l’incompétence et la corruption des policiers. Le public n’a plus confiance dans la police censée lui assurer la sécurité.

Dans le township de Mothotlung dans la province du Nord Ouest des manifestants qui protestaient contre des coupures d’eau ont été violemment dispersés à coup de gaz lacrymogènes et la police a ouvert le feu tuant trois manifestants. Tous les témoins sont unanimes pour dire que la manifestation se déroulait dans le calme quand la police est intervenue brutalement sans prévenir.

En avril 2011, la police avait tué par balle Andreies Tatane qui manifestait pour protester contre les conditions de vie déplorable dans son township de Fiskburg. Aucun policier n’avait été inculpé, mais la Commission des droits humains avaient publié un rapport après la mort du jeune manifestant et fait des recommandations pour éviter le renouvellement d’un tel drame.

Rien n’a changé depuis et la police n’hésite pas à tirer à balle réelle sur les manifestants, le drame de Marikana où 37 mineurs ont trouvé la mort, en est la plus cruelle démonstration. Le Conseil pour l’avancement de la Constitution sud-africaine (Casac) exige de la police qu’elle clarifie sa position sur l’utilisation d’armes à feu pendant les manifestations et que le Ministre prennent des mesures pour que les droits constitutionnels (ici le droit de manifester) des citoyens soient respectés.

Dans le township de Khayelitsha, la commission d’enquête O’Regan/Pikoli entend des témoignages accablants pour la police locale. Policiers corrompus, preuves qui disparaissent et de manière générale des policiers qui ne sont pas la hauteur de leur tâche. Le manque de moyens et le manque de formation sont aussi la source de dysfonctionnements graves de la police. Les victimes de viol, en particulier les lesbiennes, ne peuvent attendre aucun secours de la police qui n’a que mépris pour ces victimes. La police ne répond pas non plus aux cas les plus urgents comme les actes de violence à l’école.

Le lycée Chris Hani est situé au cœur de la township de Khayelitsha ravagée par les bagarres entre gangs criminels. Les élèves viennent en classe avec toutes sortes d’armes et la vente et la consommation de drogues dures fait partie de leur activité quotidienne. Le principal et son personnel ont beau confisqué armes et drogues, elles réapparaissent et quand une bagarre éclate il ne faut pas compter sur la police.

Pourtant les rapports entre la police et le lycée sont bons et policiers et enseignants font ce qu’ils peuvent pour lutter contre cette criminalité, mais le manque de moyens est ici criant « Nous avons besoin d’eux le matin et l’après-midi, surtout le vendredi, mais ils ne peuvent pas venir parce qu’ils n’ont pas assez de moyens et il y a des cas plus sérieux dont ils doivent s’occuper » a expliqué le principal devant la commission.

Devant ce manque évident d’efficacité, la population a recours à une forme de justice plus expéditive. Les chauffeurs de taxi ont la réputation de régler les problèmes par des expéditions punitives qui laissent peu de chance aux coupables. Toutefois le recours à cette forme de justice est la porte ouverte à toutes les dérives et à un renforcement de l’anarchie et la violence dans les communautés les plus pauvres. La désillusion dans le respect de la loi et de la justice est un danger sérieux pour toute la société sud-africaine.

Plus d'informations : cosatu Media Monitor

Publié le mercredi 5 février 2014


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