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Mercenaires sud-africains en Irak

La forte demande de personnel pour assurer la sécurité des lieux et des personnes en Irak attirent de nombreux agents de sécurité sud-africains.

La loi qui interdit l’activité de mercenaires sud-africains à l’étranger votée en 1998 est revenue sur le devant de la scène après la mort d’un agent de sécurité à Bagdad le28 janvier.

Jusqu’à présent seulement deux cas avaient été portés devant la justice,.mais la prolifération de sociétés de sécurité travaillant en Irak et utilisant du personnel sud-africain remet la loi à l’ordre du jour.

Les Américains, comme les Anglais aimeraient pouvoir réduire leurs forces armées en Irak et faire assurer le contrôle de la sécurité par des compagnies privées qui recrutent largement parmi les anciens des forces armées sud-africaines. L’Afrique du Sud vient derrière les USA et la Grande-Bretagne pour le nombre de sociétés privées de sécurité.

La plus célèbre de ces compagnies est ERYNIS dirigé par Sean Clary, un ancien du ministère des Affaires étrangères du régime d’apartheid. En août dernier, ERYNIS a remporté un marché de 39,5 millions de dollars pour la formation de 6500 Irakiens pour garder les pipelines, les puits de forage et les raffineries de pétrole ainsi que les adductions d’eau et les lignes électriques. La société doit aussi assurer la sécurité d’entreprises américaines, filiales de Bechtel et Halliburton.

Selon des experts, cette société a une structure assez opaque. Elle emploie de nombreux sud-africains, a une section africaine et internationale basée à Londres. Elle loue les services d’une société, SAS International, décrite comme une société anglaise ou américaine qui à son tour loue les services de personnel de sécurité sud-africain. Ses liens avec les armées américaine et britannique sont bien connus ERYNIS a travaillé en Angola, dans le delta du Niger et aussi en Colombie pour assurer la sécurité des installations pétrolières et au Ghana pour assurer la sécurité des mines d’or.

Selon diverses sources, ceux qui acceptent un poste en Irak peuvent gagner jusqu’à 24 000 dollars par mois avec une assurance d’une valeur de 1,5 à 2 millions de dollars en cas de décès. En Afrique du Sud, le chômage dépasse les 30 % et les emplois de sécurité ne pas faciles à trouver. Ceux qui partent ont entre 30 et 40 ans, ont été formés dans l’armée ou la police sud-africaine dans les années 1980. L’homme tué en Irak avait fait partie du commando des Koevoet en Namibie et son collègue blessé a travaillé au sinistre quartier général de la police sud-africaine, Vlakplaas.

Le nombre de Sud-africains travaillant en Irak varie de 100 à 1000 selon les sources, mais la presse britannique en octobre dernier faisait état de "centaines". Il est difficile d’obtenir des chiffres, surtout pour ceux qui sont tués ou blessés, mais l’Irak pourrait sans aucun doute devenir une destination privilégiée pour ces agents de sécurité.

Sur son site Internet, ERYNIS se vante d’être une société de consultants sur les risques, avec un intérêt particulier pour l’Afrique et le Moyen-Orient et certains de ses bureaux sont à Johannesburg et Dubaï.

Son directeur Sean Cleary, figure importante du gouvernement de Pik Botha, a maintenant pignon sur rue à Sandton, banlieue chic de Johannesburg et ERYNIS a des bureaux à Midrand, près de Pretoria. En mai dernier, Sean Cleary est devenu membre de Think Tools, une société basée à Zurich, qui évalue les risques stratégiques pour les entreprises et les gouvernements. Il aussi d’autres occupations, en particulier celle de parcourir le monde pour faire des conférences sur la résolution des conflits et les économies de développement.

Selon la loi de 1998, ERYNIS peut être poursuivie pour activité illégale puisque son directeur et une grande partie de son personnel sont sud-africains. La difficulté est de faire la clarté sur la notion de mercenaires et d’agent de sécurité et aussi sur le fait que des compagnies basées en dehors du territoire sud-africain emploient du personnel sud-africain. Certaines compagnies aussi utilisent à leur avantage le manque de définition légale des activités pour se déclarer comme des sociétés de déminage et elles sont alors considérées comme des associations humanitaires. Les choses sont plus claires pour les activités en Afrique. Un ancien pilote a été arrêté en Côte-d’Ivoire pour activité mercenaire. C’est la deuxième fois qu’un mercenaire est appelé à comparaître devant un tribunal pour avoir enfreint la loi sur l’assistance militaire à l’étranger.

Quand elle fut votée en 1998 cette loi avait été acclamée mais c’est seulement la deuxième fois qu’elle est appliquée. Le premier inculpé a été le légionnaire français, naturalisé sud-africain, François Rouget accusé d’avoir recruté des mercenaires pour combattre en Côte d’Ivoire. Il a été reconnu coupable et a payé une amende de 100 000rands.

L’utilisation de mercenaires sur le continent africain n’est pas nouvelle. Il y en avait au Congo dans les années 1960 et en Angola dans les années 1970, plus récemment en Sierra Leone. Les mercenaires sud-africains travaillaient alors pour Executive Outcomes.

La question des mercenaires en Irak est plus complexe du fait de l’évolution vers l’appel de plus en plus grand à des compagnies privées pour accomplir des tâches de sécurité non seulement par des gouvernements mais aussi des sociétés privées, des ONG et même les Nations unies

La tendance aux USA comme en Grande-Bretagne est d’avoir recours à des sociétés privées pour accomplir des tâches autrefois assurées par les militaires et l’Irak devient un lieu priviligié pour ces activités.

Plus d'informations : Southscan

Publié le vendredi 8 octobre 2004


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