Après les graves incidents de ces derniers mois au cours des grèves dans les mines et les exploitations agricoles, tous les regards se tournent vers la police. Mais les compagnies de sécurité privées ont elles aussi la gâchette facile et elles échappent à tout contrôle.
Depuis 2001, le nombre de compagnies de sécurité a littéralement explosé et elles emploient aujourd’hui plus de personnel que la police sud-africaine. Avec 8 828 agences enregistrées qui emploient 411 109 personnes, elles sont loin devant les forces de police qui comptent 1125 commissariats et 194 525 policiers.
L’industrie de la sécurité est une affaire qui marche bien et qui rapporte gros au point que 51% de ces compagnies sont détenues par des firmes étrangères et qu’on estime sa valeur à 50 milliards de rands. Ces compagnies opèrent dans la plus parfaite anarchie sans se soucier de former le personnel, de respecter un code de conduite et très souvent les gardes de sécurité ont un casier judiciaire chargé. En 2008, 14 729 gardes de sécurité étaient liés à des affaires criminelles.
La mort de deux ouvriers agricoles de la province du Cap a attiré l’attention sur le fonctionnement de ces compagnies de sécurité. Il semblerait que les deux ouvriers ont été abattus par des gardes privés, la police niant farouchement être responsable de ces morts. La présence d’un hélicoptère qui aurait tiré sur la foule des grévistes suscite beaucoup d‘interrogations.
Personne n’a encore réussi à identifier le propriétaire de l’appareil, mais tout laisse à croire qu’il s’agirait d’une très importante compagnie étrangère ayant les moyens d’utiliser ce type de matériel. Deux compagnies de la région du Cap, Global Force Security et Capital Security Services ont toutes deux reconnu avoir reçu des demandes d’intervention, mais ont nié avoir utilisé un hélicoptère. Selon elles, il s’agit d’une grosse compagnie de sécurité de Johannesburg. Des témoins oculaires affirment avoir vu en action « des unités paramilitaires spécialement entrainées pour combattre les grèves ».
Des gardes étrangers ont aussi été utilisés dans la région du Cap : des Congolais et même d’anciens Koevets, l’unité spéciale chargée de la contre insurrection en Namibie et connue pour sa brutalité. Ces mercenaires ont aussi été utilisés dans les milices privées en Irak et après la mort de l’un d’entre eux on apprenait que 1500 mercenaires sud-africains travaillaient en Irak en violation de la loi de 1988.
Le Ministre de la police a reconnu la présence de ses compagnies et le danger qu’elles représentent « Les compagnies privées de sécurité assurent de plus en plus de missions qui étaient auparavant du seul ressort de la police. Cela a et va avoir une influence grave sur le fonctionnement du système de la justice criminelle ».
Un projet de loi vise à mieux encadrer le rôle de ces compagnies privées de sécurité et à interdire à des étrangers vivant légalement en Afrique du Sud d’être propriétaires ou de travailler dans l’industrie de la sécurité, mais l’opposition y voit surtout un moyen de préserver ce juteux marché pour les Sud-Africains. En attendant le rôle de ces compagnies dans la répression sanglante des dernières grèves pose de sérieuses questions.
Plus d'informations : Daily Maeverick
Publié le lundi 19 novembre 2012
© RENAPAS
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