L’euphorie a gagné tout le pays, la nation arc-en-ciel est fière d’être le premier pays africain à accueillir un événement mondial et tout le monde souhaite que la fête soit belle. Toutefois, quelques voix dissidentes se font entendre pour dénoncer la vitrine éclatante qui cache l’arrière-boutique de la pauvreté et de l’injustice.
Les syndicats ont été les premiers à dire que la Coupe du monde ne serait pas un étouffoir pour leurs revendications, d’autant plus que cette période de l’année est celle des négociations salariales entre patronat et syndicats. Lesiba Seshoka, du Num exprime toute la frustration que cette grande parade du football lui inspire « et quand les matches seront finis, les riches seront plus riches et nos syndiqués vivront toujours dans des baraques ».
Les 25 millions de rands déjà empochés par la Fifa sont un scandale et plusieurs syndicalistes ont montré qu’avec cet argent, on aurait pu créer des emplois pour 70 000 personnes payées avec un modeste salaire de 3000 rands par mois pendant 10 ans. Le secrétaire général de la centrale syndicale NCTU n’y va pas par quatre chemins et déclare « c’est un hold-up en plein jour au nom du sport et du développement ».
Les syndicats et la direction d’Eskom, la compagnie d’électricité, sont actuellement en conflit sur les salaires et les allocations de logement. La direction offre 5,5% d’augmentation, les syndicats en demandent 18 et n’ont pas l’intention de céder, mais ils ont bien conscience qu’une grève pendant la Coupe du monde serait mal accueillie du public. Mais la colère gronde et l’annonce par Eskom d’avoir réalisé un profit de 7,1 milliards de rands grâce aux augmentations des tarifs pourrait vite mettre le feu aux poudres : « ce n’est pas du profit, c’est de l’argent volé aux pauvres » a déclaré un responsable du Num.
Le climat de tension sociale est le même pour les travailleurs de l’état. Quatorze syndicats représentant 1,3 million de fonctionnaires sont en conflit ouvert avec leur employeur. « Nous refusons le chantage à la Coupe du monde de notre employeur. Nous avons tout fait pour éviter le conflit, mais son attitude ne nous laisse pas d’alternative ».
L’état offre une augmentation des salaires de 6,5 % et une augmentation de l’allocation logement, comprise entre 500 et 650 rands, ce qui a fait dire aux syndicalistes que « l’employeur est complètement en porte-à-faux avec la réalité des conditions de vie dans ce pays ». Quand les négociations ont commencé au mois d’avril, les syndicats demandaient 11% d’augmentation des salaires et une allocation logement de 1650 rands par mois, allocation qui n’a pas été révisée depuis 5 ans.
L’association Khulumani Support Group qui se bat pour que les victimes de l’apartheid soient indemnisées et que ces compensations financières soient payées par les entreprises qui ont le plus profité de leurs relations et de leur soutien au régime d’apartheid, vient de lancer une campagne de cartons rouges aux grandes entreprises comme Ford, Daimler, GM, Rheinmettall, IBM qui ont profité du régime d’apartheid et qui continue à faire des profits en Afrique du Sud.
Treatment Action Campaign qui lutte contre le sida a aussi prévu une manifestation avec ses partenaires le 17 juin dans le quartier chic de Sandton à Johannesburg avec ce slogan « quand vous investissez pour lutter contre le sida et la tuberculose, l’Afrique gagne ».
Les Sud-africains ne parleront pas que foot et résultats des matches pendant cette coupe du monde pas tout à fait comme les autres.
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Publié le vendredi 11 juin 2010
© RENAPAS
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