Le 31 mai 2006, à l’ouverture de la séance plénière de la session spéciale sur le sida de l’Assemblée générale des Nations unies (UNGASS), la parole a été donnée à Khensani Mavasa, vice-présidente de Treatment Action Campaign au nom de la société civile.
Je m’appelle Khensani Mavasa. Je suis née en 1978 et je viens du village de Thoma in Giyana, dans la province du Limpopo, une des provinces rurales d’Afrique du Sud où trop peu de malades reçoivent un traitement et où les femmes vivent encore sous un régime patriarcal qui les rend très vulnérables au virus VIH
Je suis séropositive. J’ai été victime d’un viol et d’agressions sexuelles ; je vis toujours sous la domination des hommes et les institutions, où ils ont le pouvoir perpétuent l’oppression des femmes.
Les femmes constituent près de 60 % des 40,3 millions de personnes infectées par le VIH. Et nous devons réagir contre l’oppression des femmes, la violence envers les femmes qui sont, nous en avons la preuve, directement liées à l’infection par le VIH. Parmi les jeunes qui vivent en Afrique, les jeunes femmes comptent pour 77% des nouvelles personnes infectées.
Je demande à tous les responsables africains présents ici de protéger et de promouvoir les droits de la personne pour tous et en particulier pour les groupes de population les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes et les filles. Nous vous demandons de ne pas nous faire défaut une fois encore. Un discours pour que l’Afrique aille de l’avant doit être maintenu parce que les peuples d’Afrique, les femmes d’Afrique le mérite. Et aussi toutes les personnes vulnérables, toutes les femmes du monde de l’Asie au Pacifique, et à l’Europe de l’Est. Je lance ce même appel à tous les dirigeants de tous les pays qui sont présents ici.
Votre déclaration doit renforcer l’idée que les violences envers les femmes doivent être au cœur des priorités dans la politique de chaque pays et que des actions privilégiées et ciblées doivent êtres mis en place et suivies d’effet pour mettre fin à la situation actuelle.
En janvier dernier, mon test a révélé que j’étais séropositive. Avec les progrès scientifiques accomplis depuis 25 ans, j’espère que j’aurai accès aux traitements disponibles quand le moment sera venu.
Parce que tous les malades du monde méritent d’avoir cet espoir. Les 14 000 personnes nouvelles qui seront infectées à la fin de cette journée méritent d’avoir cet espoir.
Aucune des 900 personnes qui vont mourir aujourd’hui dans mon pays ne mèrite cette mort.
Ce que vous allez décider aujourd’hui va être déterminant pour que ces personnes puisent avoir l’espoir d’être soignées.
Ces 25 dernières années, la science nous a appris que la prévention, que les programmes de réduction de la maladie fonctionnent, qu’un environnement où le respect des droits de la personne, où chacun est maître de son propre corps, où la dignité et la vie de chacun est respecté, tous ces facteurs mettent la propagation de la maladie en échec.
L’utilisation des préservatifs est efficace et ils doivent être disponibles pour tous et nous devons faire de leur utilisation une habitude. Les groupes les plus vulnérables doivent être protégés en priorité, les enfants, les homosexuels, les prostituées, les drogués.
Quand les dirigeants du G8 ont annoncé l’an dernier que l’accès à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien devait être notre but pour 2010, ceux d’entre nous pour qui cela voulait dire la vie ou la mort se sont réjouis, parce qu’ils savaient que cela pouvait devenir la réalité. Nous nous réjouissons quand il y a des pays qui mettent en place des plans nationaux de lutte contre la maladie avec les malades et les personnes qui vivent avec le sida.
Nous devons nous assurer que cette déclaration ne soit pas un document avec des promesses vides, ne soit pas à nouveau une déclaration de principes mais une plate— forme avec des buts précis et des actions à mener. La Déclaration de 2001 était un bon document de base qui mettait l’accent sur les droits de la personne. Mais en cinq ans, plus de 20 millions de personnes ont été infectées par le VIH Je vous demande au cours de ces deux prochains jours pendant vos délibérations, d’avoir en tête la douleur et l’espoir qui étreignent nos cœurs, nous les représentants de la population du monde. Rappelez vous que chaque jour 14 000 personnes nouvelles sont infectées et que 8000 malades meurent.
Ces dernières années, nous avons hésité, discuté, freiné nos actions, nous n’avons pas réussi à protéger les plus vulnérables et pendant ce temps, l’épidémie a galopé. Une réponse nouvelle à l’échelle du monde doit être trouvée à partir de ce que nous avons appris et fait. Mais on ne peut pas faire moins que d’atteindre à 100% la vérité, la volonté politique, l’accès aux traitements, à la prévention, aux soins et au soutien des malades.
Plus d'informations : tac
Publié le jeudi 1er juin 2006
© RENAPAS
© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP