En faisant de l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Ebrahim Rasool persona non grata sur le sol étatsunien et en lui donnant 72 heures pour faire ses valises, l’administration Trump a clairement montré que l’Afrique du Sud unie, démocratique, non raciale et non sexiste était son ennemie.
>>>Le 21 mars 1960, la police de l’apartheid tirait sur une foule pacifique qui manifestait pour demander l’abolition des « pass » cet ignominieux document d’identité obligatoire pour les déplacements de la population noire. Ce massacre illustrait tragiquement la politique raciste du régime d’apartheid d’Afrique du Sud. L’opinion mondiale fut choquée quand le bilan de 69 morts et des centaines de blessés fut connu et les Nations-unies décidèrent de faire du 21 mars la journée de lutte internationale contre tous les racismes et de qualifier le régime d’apartheid de crime contre l’humanité.
>>>Dans son discours annuel à la nation le Président Ramaphosa s’est fermement opposé aux propos mensongers de Donald Trump en déclarant « nous ne laisserons pas faire » et tout au long de ce discours il a réaffirmé les grands idéaux de justice et d’égalité pour lesquels le peuple sud-africain s’est battu. Deux visions du monde diamétralement opposées.
>>>Comme l’écrit l’historien Charles van Onselen dans son ouvrage The night trains publié en 2019 et qui relate les terribles voyages des mineurs migrants de leurs villages vers leurs lieux de travail : « Tous les blancs savaient que la prospérité du pays dépendait de l’industrie minière mais personne ne voulait voir que le travail forcé des noirs rendait ce système possible et rentable ». Le changement politique de 1994 n’a rien changé à cette forme d’organisation du travail.
>>>On a fait beaucoup de bruit autour d’Elon Musk, le richissime homme d’affaires qui a apporté un soutien financier et idéologique au 47ème président des Etats-Unis, mais dans l’équipe de Trump, trois autres hommes blancs sont nés en Afrique du Sud et ont été éduqués dans les écoles de l’apartheid.
>>>Ce dimanche 3 novembre la police a fait ce laconique communiqué « un homme de 57 ans a été tué par balles par des assaillants inconnus qui ont disparu ». Plus tard la police a confirmé qu’il s’agissait bien de Mark Lifman, un caïd de la pègre qui fait la loi sur le monde de la nuit à Cape Town.
>>>Avec la mort de Pravin Gordhan disparait un des vétérans de la lutte contre l’apartheid et un combattant déterminé contre la corruption qui dévaste les rangs de l’ANC depuis des années et qui atteint son apogée avec la présidence de Jacob Zuma à la tête de l’Etat.
>>>Après des jours de négociations, l’Afrique du Sud a un gouvernement d’union nationale (GNU), une nouveauté après 30 ans de pouvoir hégémonique de l’ANC, obligé de négocier après un revers électoral cinglant. Ce gouvernement a la dure mission de répondre aux attentes des électeurs : lutter contre le chômage, la pauvreté, les inégalités et redresser une économie vacillante.
>>>L’Afrique du Sud est connu pour son haut taux de criminalité et les statistiques pour 2022/2023 viennent confirmer cette effrayante réalité avec une nouveauté : la forte hausse des kidnappings avec rançon, une activité très lucrative pour le crime organisé.
>>>Avec 40% des voix et la perte des provinces comme le Gauteng (Johnnesburg-Pretoria) et le Kwazulu Natal, l’ANC est à un tournant décisif de son histoire. Cependant si la chute de l’ANC étonne par son ampleur, si le désastre était prévisible d’après les derniers sondages, les causes en sont multiples et ne datent pas d’hier.
>>>La mort du pape François,un lundi de Pâques, a bouleversé l’Afrique du Sud et l’Afrique australe comme le reste du monde. Le Président Cyril Ramaphosa a salué celui qui voulait « une église pauvre pour les pauvres » et son sens de l’humain. Il a souligné que le Pape François « en tant que chef de l’Eglise et personnalité mondiale avait mis en avant une vision globale d’inclusion, d’égalité et d’attention aux individus et groupes marginalisés, ainsi qu’une surveillance responsable et durable de notre environnement naturel ».
Le cardinal de Johannesburg Stephen Brislin a déclaré que le Pape François a marqué les esprits comme » un homme qui nous rappelait à notre humanité, à ne pas être de simples juges qui condamnent les autres, mais a montré de la compassion et de la pitié ».
Pour Thabo Makgoba archevêque anglican du Cap, le Pape François « était la dernière voix morale reconnue dans le monde entier par ces temps de confusion » et d’ajouter que ce sont les pauvres qui vont le regretter le plus car il était le gardien de leurs espoirs et de leurs rêves. Bien que chef du monde catholique il était aussi un guide pour la grande famille chrétienne.
Le secrétaire général du Conseil sud-africain des Eglises (SACC) le Révérend Mzwandile Molo a indiqué que le Cardinal Brislin, un des 18 cardinaux africains, allait participer au conclave pour l’élection du nouveau pape. Le Cardinal Brislin a été nommé cardinal par le Pape François en 2023.
Non, ce n’est pas une blague, encore moins une fake news. Comme l’ANC avait mobilisé l’opinion internationale contre le régime d’apartheid, les dirigeants de Solidarity Movement , qui chapote diverses organisations de défense des intérêts des Afrikaners, vont entamer une tournée en Europe pour faire connaitre la discrimination raciale dont ils sont victimes sous un gouvernement dirigé par l’ANC. Jaco Kleynhans , le responsable international du Solidarity Movement, l’ a confirmé au quotidien sud-africain Daily Maverick : « dans les deux prochains mois, une tournée sera organisée en France, en Allemagne , en Italie, en Autriche et aux Pays-Bas ». Il était déjà intervenu aux Pays-Bas en décembre 2018 en sa qualité de représentant de l’enclave Orania, un territoire réservé aux seuls Afrikaners dans la province sud-africaine du Cap nord. Son but ? « Faire prendre conscience au monde entier des lois raciales de plus en plus nombreuses en Afrique du Sud et de l’aliénation des minorités victimes de lois discriminatoires ». Cela fait des années que Solidarity Movement est en contact avec des hommes politiques états-uniens et pourrait bien avoir inspiré à Trump ses propos enflammés contre l’Afrique du Sud. En mai 2018, Kallie Kriel, dirigeant de Afriforum avait rencontré les dirigeants de The Heritage Foundation, le très conservateur think -tank qui pilotait alors la politique de Trump durant son premier mandat. Un autre dirigeant d’Afriforum avait au cours d’un voyage en Australie surenchérit sur « le massacre des fermiers blancs ». La campagne internationale qui se met en place en 2025 pour « sauver » les fermiers blancs victimes de la politique raciste du gouvernement sud-africain n’a rien d’improvisé mais révèle au grand jour la volonté de revanche des Blancs conservateurs les plus ultra contre la victoire des forces progressistes en 1994.
« Je viole mon serment d’Hippocrate…Jamais on ne m’a ordonné de ne pas aller travailler… » sont quelques-unes des réflexions du personnel médical américain en poste en Afrique du Sud après les décisions brutales de Trump de couper les crédits du President’s Emergency Plan for Aids Relief (Pepfar). L’Afrique du Sud a reçu 440 millions de dollars pour la période d’octobre 24 à septembre 2025. Cette aide permettait d’employer 178 médecins ; 11984 infirmières et sage-femmes et 199 pharmaciens. L’Afrique du Sud qui grâce à des crédits du gouvernement et d’autres donateurs ne dépend pas entièrement du programme d’aide américain, mais l’impact sera catastrophique pour les pays voisins. La fermeture brutale des centres de soins aura un effet dévastateur sur les patients qui trouveront portes closes après des déplacement souvent longs et coûteux. Ces patients risquent de ne plus avoir accès aux soins et de perdre confiance dans le personnel médical et cela signifie que des années de travail seront mises à mal et la vie de milliers de patients en danger de mort par la décision d’un seul homme.
Dans un entretien télévisé, Janusz Walus qui vit en Pologne, son pays natal a réaffirmé qu’il avait tué Chris Hani parce qu’il est raciste et anticommuniste et convaincu de la supériorité de la race blanche.Le 10 avril 1993, il tuait le dirigeant du parti communiste sud-africain et de l’Anc devant sa maison à Johannesburg. « « Je l’ai fait parce que cela devait être fait. J’ai agi en soldat ». Ce crime a failli faire dérailler les négociations entre les dirigeants de l’Apartheid et l’ANC pour le transfert du pouvoir et mettre fin au système d’apartheid. Cet assassinat a failli provoquer une guerre civile, évitée de justesse grâce au sang-froid de Nelson Mandela.Condamné à la peine de mort, puis à la prison à vie, il a passé 29 ans en prison avant d’être libéré sous serment en 2022, puis expulsé en Pologne, son pays natal où il vit actuellement.Il a confirmé avoir agi par idéologie et ne rien regretter de son geste. Il a confirmé avoir agi seul en accord avec les services secrets de l’époque.
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