Entre Poutine et Ramaphosa, le grain de blé de la discorde

Le président sud-africain est le porte-parole de l’initiative de paix de sept chefs d’état africains et c’est dans ce rôle qu’il a pris la parole pour répondre à l’offre du Président Poutine de livrer gratuitement du blé aux pays pauvres africains, grâce à une récolte record, pour compenser le blocage de l’exportation du blé ukrainien par son pays.

Le Président Ramaphosa a poliment remercié son hôte pour le don de 25 à 50000 tonnes de blé tous les trois ou quatre mois au Burkina Faso, Zimbabwe, Mali, Somalie, République d’Afrique centrale et Erytrée, mais a-t-il ajouté « nous aimerions que la Mer noire soit ouverte au commerce mondial… Nous ne sommes pas venus ici pour demander la charité pour le continent africain » et d’expliquer que le blocage russe de l’accord céréalier fait exploser les prix des produits alimentaires et accroit l’insécurité alimentaire en Afrique.

Poutine a justifié son retrait de l’accord sur le blé en mettant en avant la responsabilité des pays occidentaux qui ne tiennent pas leurs promesses sur les exportations de céréales et d’engrais et leur hypocrisie car 70% des exportations de blé ukrainien seraient allées vers des pays occidentaux riches.

Les présidents africains qui plaident pour l’ouverture de négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine n’ont pas reçu d’accord définitif du président russe qui ne dit pas non aux négociations mais s’entête à affirmer contre toute réalité que ce sont les pays occidentaux et l’Ukraine qui ont violé la charte des Nations unies. Aussi l’argumentation de Ramaphosa pour le respect de la souveraineté et l’intégralité territoriale de toutes les nations est restée lettre morte. Un dialogue de sourds qui n’est guère prometteur d’une paix prochaine.

Quant à la non-participation de Poutine au sommet des Brics en Afrique du Sud, le président russe l’a confirmée par cette phrase explicite. « Je ne pense pas que ma visite au sommet des Brics soit plus importante pour moi que de rester en Russie ».