Le 9 aout 1956, 20 000 femmes sud-africaines se rassemblaient devant le siège du gouvernement à Pretoria. Noires, blanches, indiennes, métisses ont chanté d’une même voix pour dire leur détermination à se faire entendre. Aujourd’hui, les mots et les chiffres pour parler des inégalités, de la violence sont devenus rengaines sans solutions. Des solutions il y en a, mais en écoutant les femmes.
Une grande lassitude semble envahir les pages de la presse sud-africaine à la vieille de la journée nationale des femmes. Les mêmes mots répétés depuis plus de trente ans ne sont que chimères, confrontés à la dure réalité vécue par les femmes. Un viol collectif vient de rappeler que le corps des femmes ne leur appartient toujours pas.
Huit femmes ont été violées par un gang de zama-zamas, ces mineurs illégaux et très souvent étrangers. La police a arrêté 80 d’entre eux. Aussitôt l’attention s’est portée sur ces présumés coupables, doublement coupables puisque violeurs et étrangers et les victimes ont été vite oubliées ! Pourtant les statistiques sont accablantes : 42289 viols et 7749 agressions sexuelles ont été enregistrés par la police sud-africaine pour la période 2019/2020
Ce n’est pas non plus en proposant la castration chimique comme vient de le faire la Ligue des femmes de l’Anc que le problème du pouvoir des hommes sur les femmes sera résolu. Comme le fait remarquer Amanda Gouws dans son article https://www.dailymaverick.co.za/opi...
Cette solution est non seulement contraire à la constitution sud-africaine et vise à supprimer des « monstres » alors que le viol est systémique dans la société sud-africaine et concerne toute la société. De plus le viol n’est pas l’expression d’un désir sexuel, mais l’expression d’un désir de puissance qui cherche à détruire la victime. Faut-il rappeler que le viol à l’aide d’un objet, bouteille ou bâton, a été une pratique courante pour torturer des prisonnières politiques ?
Non seulement le corps des femmes reste à la libre disposition des hommes, mais le changement climatique affecte plus directement les femmes africaines dans leur vie quotidienne.
Dans les zones rurales, les femmes cultivent souvent encore des terres dont elles n’ont pas la propriété. De ce fait, elles ne peuvent pas avoir accès aux subventions pour l’achat d’outils ou de semences. L’eau reste toujours la corvée des femmes et des filles et en période de sécheresse ce sont elles qui portent tout l’impact du manque d’eau sur les récoltes.La pénurie alimentaire touche en premier lieu les femmes enceintes, leurs nouveaux -nés et les très jeunes enfants et contribue aussi à raviver les violences genrées. Faire la cuisine avec du charbon de bois affecte les voies pulmonaires et aggrave les symptomes des comorbidités.
Il existe pourtant des solutions car ces femmes qui pratiquent l’agriculture de subsistance ont acquis un immense savoir. Elles ont des solutions pour s’adapter aux variations climatiques. Elles savent comment économiser l’eau, adapter les cultures et produire plus à moindre coût.
En conclusion d’une conférence consacrée à l’impact du changement climatique sur les femmes, une intervenante a été très claire : « En tant que femmes, nous pouvons proposer des solutions parce que nous connaissons nos besoins. Nous devons nous assurer que nous soyons partie prenante des décisions prises pour affronter le changement climatique. Rien ne doit se faire sans nous »
Plus que de discours creux, de programmes rarement mis mis en oeuvre ou de compassion un jour par an, les femmes sud-africaines ont besoin d’être écoutées, entendues et comprises tous les jours.
Publié le jeudi 11 août 2022
© RENAPAS
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