La veille de Noël, un barrage a cédé libérant 1,5 millions de litres d’eau contenant des scories de la mine sud- africaine Zulululand Anthracite Colliery (ZAC) dans les rivières avoisinantes, seules sources d’eau potable pour la population et le bétail des villages ; leurs eaux noires traversent un parc naturel. La population a été alertée du danger deux semaines plus tard.
Les mines de charbon demandent de grandes quantités d’eau pour laver le minerai et rejettent des eaux polluées par des métaux lourds comme l’arsenic, le cuivre, le plomb et le manganèse. Cette eau polluée et dangereuse, à la suite de la rupture d’un mur d’une retenue du barrage s’est répandue dans la rivière Umvalo , puis les rivières Black Umfolozi et White Umfolozi qui se jettent dans le Lac Sainte-Lucie avant de rejoindre la mer. Ces rivières traversent le parc Hluluwe-iMfolozi qui abrite des rhinocéros noirs et blancs et d’autres espèces protégées.
Des villageois craignent que ces eaux polluées contaminent les rivières et aussi les sources qu’ils utilisent pour s’approvisionner en eau potable. Ils ont alerté les ministères des ressources minérales, de l’environnement et la Commission des droits humains pour qu’une enquête donnent les raisons de la rupture du mur du barrage et aussi pour savoir si la mine ZAC respectait la législation environnementale. Pendant 12 jours, la population n’a pas été alertée sur les dangers d’une pollution des eaux alors que la rivière Umfolozi est leur seule source d’eau potable « ce silence est immoral et compromet notre santé ». En attendant les résultats des analyses, les habitants devront acheter de l’eau en bouteille
Cette mine d’anthracite fonctionne depuis plus de trente ans et a connu bien des vicissitudes : pollution, extension illégale de la mine, manque d’eau dans les villages avoisinants, pollution des sols et de l’eau. En 2014, la mine avait payé une amende pour avoir ouvert trois nouveaux puits sans autorisation. A l’origine propriété de BHP Billiton, puis de Rio Tinto, elle fut achetée par le groupe turc Menar en 2016. Ce groupe turc , propriété de l’entrepreneur Vuslat Bayoglu, a aussi des intérêts dans des mines d’or et de nickel en Turquie et au Kirghizistan, et dans plusieurs mines de charbon et manganèse en Afrique du Sud.
La question de la transition énergétique est un sujet ultra sensible en Afrique du Sud où 16 centrales à charbon fournissent 75% de l’énergie et qu’il est prévu que le charbon fournisse 60% de l’énergie en 2030. Pour Gwede Mantashe, ministre des ressources minérales et de l’énergie, « on ne peut pas détruire ce que l’on a aujourd’hui en misant sur un espoir à venir demain » et de plaider pour une transition vers une baisse des émissions de carbone des centrales existantes et un développement des énergies renouvelables, solaire et éolien. Pour le Plan national de développement, il faut fournir assez d’énergie de manière constante à des prix compétitifs et réduire les émissions de CO2 et la pollution. Mantashe plaide pour un « verdissement »des centrales à charbon, ce qui lui a valu d’être qualifié de « pire pollueur de l’année » ou de « dinosaure des énergies fossiles ». Pour sa défense, il avance que la fermeture trop rapide des mines de charbon aurait un impact négatif sur l’économie du pays, déjà en grande difficulté et qu’il faut trouver « une juste transition ». En attendant, l’extraction minière continue à saccager rivières et sols, à détruire la santé des populations qui vivent près des mines de charbon, de platine ou d’autres minerais indispensables aux nouvelles technologies.
Publié le vendredi 14 janvier 2022
© RENAPAS
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