Georgije Gorg Darmanovic, aussi connu sous le nom de George Darmanovich, a été abattu dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 mai, vers 1h du matin, par des tireurs en moto dans le quartier de Novi Beograd. Un règlement de comptes entre mafieux sud-africains qui a trouvé son épilogue en Serbie. La mort de Darmanovic a choqué le monde interlope sud-africain, mais les autorités n’ont pas souhaité réagir.
Georgije Gorg Darmanovic, aussi connu sous le nom de George Darmanovich, a été abattu dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 mai, vers 1h du matin, par des tireurs en moto dans le quartier de Novi Beograd. Un règlement de comptes entre mafieux sud-africains qui a trouvé son épilogue en Serbie. La mort de Darmanovic a choqué le monde interlope sud-africain, mais les autorités n’ont pas souhaité réagir.
Connu aussi sous le nom de Boris ou le Boucher ou le Diable, Darmanovic n’était pas seulement un caïd du milieu sud-africain, il avait aussi des relations au plus haut niveau dans le monde politique et il était la source d’information du journaliste Jacques Pauw dont le livre The President Keepers a fait grand bruit à sa parution en Afrique du Sud. L’ouvrage met au grand jour, preuves à l’appui, les liens entre les boss de la pègre du Cap, la police, les services de sécurité (SSA), le service central des impôts(SARS), des membres du gouvernement et l’ancien Président de la République, Jacob Zuma, contraint à la démission le 14 février dernier.
Né à Johannesburg de parents yougoslaves, Darmanovic avait fait carrière dans les officines de sécurité privée, comme beaucoup d’émigrés venus de l’Europe de l’Est, mais il émargeait aussi comme agent pour les opérations spéciales de l’Agence de Sécurité de l’Etat (SSA) et c’est à ce titre qu’il est mêlé à tous les scandales qui ont ponctué les années de la présidence Zuma. Dans son livre, Jacques Paw brosse ainsi son portrait : « Damarnovich est un personnage fastueux qui travaille depuis une maison hautement sécurisée, conduit des bolides dont les coffres sont pleins d’armes, de fric et de dossiers de la police. J’ai partagé sa table en compagnie de hauts responsables dela police et des unités spéciales, les Hawks, qui lui fournissaient bien volontiers des documents secrets. En 2011, on lui a accordé onze licences de port d’armes pour fusils d’assaut et mitraillettes alors qu’il était sous le coup d’un mandat d’arrêt pour fraude fiscale ».
Darmanovic a fourni à Jacques Paw les dossiers fabriqués de toutes pièces pour mettre fin à la carrière des responsables des services de police et des impôts qui faisaient sérieusement leur travail en voulant démasquer la fraude et l’évasion fiscale pratiquées par les caïds du trafic de cigarettes, de drogues et toute autre sorte de commerce illicite pratiqué à grande échelle, avec la protection du commissaire du service des impôts, Thomas Moyane, nommé par Jacob Zuma.
En 2014, bien que citoyen sud-africain, il est retourné vivre en Serbie, à Belgrade, où il a continué à mener grand train, tout en restant en contact avec ses pairs sud-africains et en travaillant pour les services de sécurité sud-africains au moins jusqu’au mois d’août 2017, selon un document en possession du site sud-africain EWN.
En décembre 2017, s’ouvrait au Cap le procès de Nafiz Modack, un autre ressortissant d’Europe de l’Est qui avait semé la terreur dans le monde nocturne du Cap en voulant imposer sa compagnie de sécurité à tous les propriétaires de bars et night clubs. Modack est accusé avec d’autres chefs de gangs du Cap qui pour l’instant restent sous les verrous, la justice ayant refusé leur demande de libération sous caution. Un policier, Charl Kinnear, appelé à témoigner, a formellement identifié « l’homme de Serbie » qui avait téléphoné à Modack en 2017, comme étant Darmanovich, preuve que l’homme garde ses contacts en Afrique du Sud. Modack est un grand ami de Duduzane Zuma, un des fils de Zuma. Au cours du procès, on a aussi appris que Modack avait l’intention de supprimer deux rivaux, Mark Lifman, homme d’affaires, grand ami de la famille Zuma et Jerome Booysen , un des chefs de gang redouté du Cap. Modek a aussi admis, qu’avec ses associés, il travaillait « pour des clients étrangers et de gros investisseurs » et offrait des services de sécurité « à des gens du haut en bas, il y a beaucoup de responsables du gouvernement qui sont dans les affaires ».
Ce n’est pas nouveau de voir des ressortissants de l’ancienne Yougoslavie faire les gros titres de la presse sud-africaine. L’Afrique du Sud aussi a connu une période de transition, période d’instabilité et reconversion, propice à toutes les aventures bonnes ou mauvaises. Le crime organisé ne connaît ni frontières, ni race, ni nationalité, c’est la mondialisation sans foi ni loi.
Les assassins d’Arkan avaient pensé refaire leur vie sous de fausses identités en Afrique du Sud. Ils n’ont pas eu de chance. Dobrosav Gavric, chauffeur d’un caïd de la vie nocturne du Cap, Cyril Beeka, a échappé de peu la mort, mais il est toujours en prison, et l’on reparle ces derniers temps de son éventuelle extradition vers la Serbie. ( voir CDB 30 decembre 2011) Un autre des assassins présumés d’Arkan, Milan Duricic, n’ a pas eu cette chance : il a été abattu le 25 avril dernier à Johannesburg dans le plus pur style mafieux selon les témoins. Sa voiture arrêtée à un feu rouge a été bloquée par une autre voiture d ’où sont sortis deux hommes masqués avec des armes automatiques qui ont criblé le conducteur de balles. Milan Duricic, vivait luxueusement en Afrique du Sud depuis 17 ans, protégé par les services secrets américains et britanniques. http://www.minareport.com/2018/04
Jacqueline Dérens
Publié le lundi 21 mai 2018
© RENAPAS
© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP