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Rivière fantôme

La littérature sud-africaine est riche de noms prestigieux et de jeunes talents avec leur sensibilité et leur imagination, continuent pour le plus grand plaisir du lecteur à défricher la réalité complexe et souvent bien déroutante d’une société marquée par l’histoire tourmentée de leur pays.



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Premier roman d’une Afrikaner prometteuse, Rivière fantôme décrit une enfance rurale dans le Free State. Tous les agriculteurs blancs ne soutenaient pas l’apartheid. Si le père est fidèle à la ligne prudente de Smuts, la mère, bien plus radicale, met son point d’honneur à pénétrer par l’entrée réservée aux Noirs dans les lieux publics. Les parents en arrivent d’ailleurs à se disputer le jour où Frederik De Klerk annonce la légalisation de tous les partis politiques et la libération de Mandela. Le père salue ce geste d’ouverture, tandis que la mère ne veut rien lui pardonner : jadis le ministre de l’Education Nationale, il priva d’enseignement correct des milliers d’écoliers noirs.

Le récit d’un mode de vie aujourd’hui obsolète est bien documenté. Le roman ne sombre cependant jamais dans une évocation idyllique du passé. Les soucis ne manquent pas. Le frère ainé de l’auteure manifeste très tôt un caractère rebelle et, dès l’adolescence, une tendance à l’autodestruction. Chaque fois qu’il brille sur les terrains de sport ou dans les exercices littéraires, il n’hésite pas à provoquer l’autorité : exhibitionnisme, saouleries, propos vindicatifs. Pire, pour un jeune Blanc sous l’apartheid, il déserte pendant son service militaire.

Le chapitre le plus glauque du livre raconte comment la narratrice fait 1 500 km en voiture pour rejoindre son frère à Johannesburg. Elle le trouve branché à un cathéter rempli de produits illicites fournis par un inquiétant médecin est-allemand et malgré tout il abandonne sa sœur pour une virée nocturne.

La grande Histoire rejoint celle de la famille. Pour avoir contribué à la construction et au fonctionnement d’une école de township, l’ANC demande aux parents de Dominique Botha d’héberger Oliver Tambo, le collègue de Mandela revenu d’exil. Du coup le père de famille se lie d’amitié avec Terror Lekota, militant de longue date qui deviendra plus tard Premier Ministre du Free State.

Le passage à l’âge adulte est pénible autant qu’exaltant. Dominique Botha sait instiller de la poésie là où on ne l’attend pas : dans les paysages plats autour de Kroonstad, dans la hantise de manquer de pluie ou dans le débordement des cours d’eau insignifiants. Elle a une manière chaleureuse et distanciée de parler de son entourage, des Noirs qui prennent leur destin en main, des personnalités courageuses croisées sur son chemin. On découvre des acteurs méconnus de la résistance ou des militants affirmés, comme la poétesse Antjie Krog. Agréable par son style fluide, truffé de passages émouvants, ce roman autobiographique a recueilli quatre prix littéraires en Afrique du Sud.

GL

Rivière fantôme de Dominique Botha traduit de l’afrikaans par Georges Lory, Actes Sud, 2016.

Publié le mardi 31 mai 2016


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