Ce n’est pas par hasard que l’Anc a choisi de lancer sa campagne électorale à Port Elizabeth, dans la grande agglomération de Nelson Mandela Bay, le cœur historique de la lutte contre l’apartheid. Ce passé glorieux n’a pas enthousiasmé les futurs électeurs qui sont las des discours et des promesses qui se répètent.
Dans l’histoire de l’Anc et de la lutte, la province du Cap oriental, qui regroupe les anciens bantoustans du Transkei et du Ciskei, a vu naitre Nelson Mandela et Govan Mbeki, Steve Biko a été emprisonné et torturé dans ses prisons, les Quatre de Cradock ont été arrêtés dans leur voiture et brûlés vif, pour ne nommer que les plus connus des héros de la lutte.
Depuis les dernières élections, gagnées de justesse par l’Anc, les affaires vont de mal en pis. Corruption, mal gouvernance, débâcle scolaire, la province et sa grande métropole montrent la déliquescence d’un parti qui ne fait plus rêver. En toute hâte, le parti a nommé il y a moins d’un an Danny Joordan, l’ancien patron de la Fédération sud-africaine de football, à la tête de la mairie pour remettre un peu d’ordre dans la gestion calamiteuse de ses prédécesseurs.
Lancer le manifeste de l’Anc pour les élections du 3 août 2016 dans le stade de la municipalité de Nelson Mandela Bay n’était donc pas anodin et la parti avait mis la barre très haut en convoyant des autobus de supporters de tout le pays pour remplir le stade et en mettant sur l’estrade les Top Six, les six membres de la direction de l’Anc, pour accompagner le discours du Président Zuma.
Les images des sièges rouges et vides s’étalaient sur tous les écrans de télévision et ont montré que l’accueil était mitigé. Pis, des spectateurs ont délibérément quitté le stade au moment du discours. L’accueil n’avait pas été plus chaleureux avant le grand meeting, quand des responsables de l’Anc sont allés sur le terrain. Bathabile Dlamini, la présidente de l’Assemblée nationale et de la Ligue des femmes en a fait l’amère expérience, au point de lui arracher des larmes.
Le discours et la lecture du manifeste par le Président Zuma n’apportent rien de neuf et sont loin de répondre aux besoins du changement espéré par des électeurs qui attendent toujours « la vie meilleure » promise il y a plus de vingt ans.
Le document de 32 pages fait une liste de choses à faire qui n’ont toujours pas été faites, comme la faillite ce fameux « delivery » qui met régulièrement en colère les habitants des townships : manque de logements, d’eau, d’électricité, d’égouts, de sanitaires, de bâtiments scolaires corrects, de routes en bon état, ces améliorations qui changent la vie des habitants et des entreprises locales. Pour des élections locales, la concrétisation de ce type de promesses est d’un enjeu vital.
Le Président Zuma a aussi affirmé que l’Anc était le garant de la Constitution, une affirmation étonnante dans la bouche de celui qui vient d’être jugé pour avoir manqué de respect envers la Constitution et l’Assemblée nationale pour avoir failli à sa mission de contrôle de l’exécutif. La lutte contre la corruption est citée, tout comme l’octroi de bourses aux étudiants, mais toutes ces promesses ont déjà été faites sans succès !
Il semble que l’Anc n’a pas l’intention de changer, mais de continuer une politique qui n’a pas réussi à répondre aux grands défis auxquels le pays est confronté : les inégalités, la pauvreté, une économie en berne, la perte de confiance dans l’avenir. Les électeurs décideront, mais il ne faudra pas s’étonner de voir la municipalité de Mandela Bay, comme celle de Tshwane, changer de mains et de couleur. .
Publié le lundi 18 avril 2016
© RENAPAS
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