State Capture, la pire des affaires d’Etat de toute l’histoire de l’Afrique du sud. La contestation du « State Capture », la « conquête de l’Etat », a atteint des sommets. Jusqu’à jeudi soir, tous les media se sont fait l’écho du défilé des personnalités politiques à qui les frères Gupta ont offert des postes ministériels. Pas un journal, pas un site web, pas une radio n’a manqué à l’appel. Depuis 10 jours, les révélations tombent en cascade, les plus hautes personnalités de la société civile et une partie de l’appareil d’Etat condamnent la famille Gupta mais également le président Zuma qui apparaît sous une dangereuse influence.
L’hebdomadaire Mail & Guardian publie une enquête très argumentée de son équipe de décodeurs, Amabhungane. On y apprend que le conseil d’administration d’Eskom, compagnie d’électricité d’Etat, a été désigné et mis en place dans sa totalité par la famille Gupta. Et cela alors que la compagnie traversait une des plus grave crise de son histoire. Daily Maverick, quant à lui, donne la parole à des vieux généraux en retraite de Umkhonto we Swize, le bras armé de l’ANC pendant la lutte contre l’apartheid. « Nos vielles certitudes autour de l’image d’un président qui peut penser, dire et faire ce qu’il veut parce qu’il est à la tête d’un Etat solide est désormais sérieusement entaché ». « Ces généraux sont restés silencieux, mais aujourd’hui ils donnent de la voix et exigent la tenue d’un congrès extraordinaire de l’ANC », écrit Stephen Grootes, le journaliste de Daily Maverik, qui qualifie le mémorandum des Vétérans d’ « incendiaire » et appelle « Jacob Zuma à prêter l’oreille à la pression montante ».
« Démission ! », lance Denis Goldberg, repris par le site News24, « le président, en couvrant de telles actions détruit tout ce qu’il a construit » déclare le cet ancien prisonnier de Robben Island, condamné aux cotés de Nelson Mandela au procès de Rivonia.
Même le gouvernement de la province de Gauteng, la plus décisive politiquement, se dit réticent à travailler avec la famille Gupta, affirme le site www.politicsweb.co.za.
« L’Anc n’est pas à vendre ! » s’exclame Cyril Ramaphosa dans une déclaration faite devant un parterre de personnalités intellectuelles et des affaires, réunies par l’ANC. Le site www.news24.co.za relaye son invitation à tous ceux à qui des postes ministériels ont été proposés par la famille indienne, de se faire connaître afin que des poursuites soient engagées. Le même appel avait été lancé par Gwende Mantashe, le secrétaire général de l’ANC, la veille de l’ouverture du National Executive Commitee (NEC). Enfin, Ngoako Ramatlhodi, le ministre du service public, fait une curieuse recommandation au gouvernement et au président Zuma, relayée et commentée par Business Day. « Soyez raisonnable et ne faites pas un remaniement ministériels de trop grande ampleur ». Y aurait-il un remaniement de prévu ? » s’interroge le journaliste de Business Day ? Encore un conciliabule entre la famille Gupta et la présidence. Ce qui expliquerait cette frénésie de contact … en vue de constituer un gouvernement.
L’ANC, un parti qui a souvent mal surmonté ses profondes divisions.
L’histoire de l’Anc a de tout temps été marquée par la rudesse, voire la violence de ses débats internes. L’histoire nous dira la place qu’occupera celui d’aujourd’hui. En attendant le verdict et au retour d’un long week-end de Pâques, la question du remplacement de Jacob Zuma est clairement posé. Dans le site www.biznews.co.za, Donwald Pressly, rédacteur en chef du site financier www.capemessenger.co.za, a déjà donné son congé à Zuma et s’interroge sur qui pourrait le remplacer. « Organiser une succession est la chose la plus difficile qu’il soit. La pire en politique ». « Les deux prétendants les plus sérieux, affirme-t-il, sont le vice président Cyril Ramaphosa et et Nkosazana Dlamini-Zuma », l’ex épouse du président. Cette dernière, selon le Mail & Guardian, vient d’arriver à Pretoria. Elle était, depuis quelques années, la présidente de la commission de l’Union africaine basée à Addis Adeba.
Désormais, la presse se fait l’écho des experts en analyses politiques. Elles portent toutes sur l’état des débats et le rapport de force interne. Caro Paton, éditorialiste du Business Day, y fait un long développement sous le titre « La bataille entre les factions renforce les blocs régionaux ». « Bien que les membres du NEC aient exprimés, dans leur ensemble, un soutien au président Jacob Zuma, la réalité est que les différentes factions du parti sont maintenant, de manière non officielle, en guerre ». S’appuyant sur des exemples concrets, tel que la plainte déposé auprès de la police par Edward Zuma, un des fils du président, contre Cyril Ramaphosa, l’accusant de soutenir la prédominance blanche sur le secteur économique du pays, l’éditorialiste de Business Day conclut que, quel que soit le soutien qu’apportera Jacob Zuma aux uns ou aux autres, « le combat entre les factions est engagé sans possibilité de retour ». « L’exécutif du parti n’est pas capable d’organiser et encore moins de contrôler le conflit. Il est clair que la majorité de l’exécutif est aux cotés de Monsieur Zuma, mais ils ne détiennent pas tous les pouvoirs, puisqu’ils ont été contraints d’accepter le principe de l’enquête sur les relations entre le président et les Gupta, qui sera diligentée par le secrétaire général de l’ANC Gwede Mantashe. Cela n’est pas sans rappeler une situation, dans les années ’80, où le parti et le régime d’apartheid étaient enlisés dans un ingagnable conflit, une situation de double pouvoir, où, pour le moment, aucune des parties ne pourra vaincre l’autre ». http://www.bdlive.co.za/national/po...
Dans le Mail & Guardian, Carien du Plessis, donne six raisons pour que l’ANC refuse de renvoyer Zuma. « Jamais, auparavant, dans ses sept années de règne un appel aussi fort, venant d’un large spectre de membre de l’Anc, n’avait été lancé pour sa démission. Au lendemain de la réunion des « top leaders » du parti, la demande est toujours aussi forte ». 1ère question : « descendre Zuma, mais de quel poste, de la présidence du pays ? ou de la présidence du parti ? ou les deux. Certains pensent qu’il ne faudrait pas créer le précédent d’une décision prise uniquement par le NEC. Particulièrement le destituer de la présidence du pays ». 2ème question : la campagne des élections locales. « D’après une source anonyme qui se trouvait à la réunion du NEC, le groupe qui voudrait sortir Zuma est majoritaire, mais ne voudrait pas engager d’action qui pourrait nuire au résultat électoral du parti ». 3ème question : Un mauvais précédent. « Beaucoup dans l’ANC se souviennent comment le président Mbeki fut renvoyé, en 2008, période vécue douloureusement dans le parti au pouvoir. Ce n’est pas une expérience que beaucoup voudrait voir se répéter et renvoyer un deuxième président en si peu de temps pourrait affecter l’image démocratique du pays ». 4ème question : le vide. « Légitimement, il devrait être remplacé par le vice président Cyril ramaphosa, mais celui ci ambitionne le poste de président de l’ANC l’année prochaine. Ce serait, alors, créer une situation de double lieux de pouvoir ». 5ème question : « Un président en laisse courte, c’est mieux qu’un ex-président qui s’ennuie ». « Quand Zuma fut chassé de son poste par Mbeki, en 2005, il eut tout le temps nécessaire pour organiser son futur. Ses paroles n’étaient plus soumises au protocole et il fut tout à fait libre de mener campagne. Imaginons que Zuma soit renvoyé maintenant, il pourrait avoir toute liberté de préparer son retour ». 6ème question : Une révolte dans les fédérations locales. « dans ce genre de situation il vaut mieux avoir les groupes locaux avec soi, afin d’éviter une révolte ou une scission. La convocation d’un congrès extraordinaire serait la meilleure solution pour faire face à un renvoi urgent. En l’absence d’une telle action, le meilleur pour le parti sera d’attendre le prochain congrès en 2017 ».
Mauvaise et bonne nouvelles.
L’annonce de l’assassinat politique d’un militant aguerri de la société civile a été une très mauvaise nouvelle qui mérite la publication in extenso du communiqué de son organisation : l’Amadiba Crisis Committee 22 mars 2016 Assassinat brutal de notre président C’est sous le choc que nous informons le public que le président de l’Amadiba Crisis Committee, Sikhosiphi Bazooka Rhadebe, du village de Mdatya à Amadiba, a été brutalement assassiné ce soir devant sa maison dans le township de Lurholweni, dans la région d’Amadiba, district de Mbizana. Notre bien-aimé Bazooka a fait le sacrifice ultime en défendant nos terres ancestrales d’Amadiba sur la Côte sauvage. Il a été assassiné vers 19 h 30 ce soir. Les tueurs sont arrivés dans une Polo blanche avec un gyrophare bleu. Deux hommes ont frappé à sa porte en disant qu’ils étaient de la police. M. Rhadebe a été tué par 8 balles dans la tête. Il est mort devant son fils de 8 ans. Son fils et sa femme ont été hospitalisés. Après une année de menaces et d’attaques, nous nous attendions à un évènement de ce type depuis la fusillade de Xolobeni, le 3 mai de l’année dernière, menée par le directeur de l’exploitation minière Zamile Qunya et la fusillade qui a eu lieu à Noël dans le village de Mdatya. Mais depuis que les quatre gangsters responsables de la fusillade de Noël ont été libérés sous caution en janvier, la police a intimidé la communauté d’Amadiba et ses leaders lors de raids nocturnes, clairement déterminés à chercher dans la mauvaise direction. Depuis un an, la police refuse de coopérer avec l’autorité coutumière d’Umgungundlovu de la région côtière d’Amadiba pour arrêter la violence contre notre communauté opposée aux mines. La société australienne MRC et tous les criminels haut-placés qui tentent de nous dépouiller de nos terres pour remplir leurs poches d’argent tâché de sang doivent savoir qu’aucune intimidation ne forcera la communauté d’Amadiba à se soumettre. Imining ayiphumeleli ! « L’exploitation minière ne passera pas ! » Nous appelons les démocrates d’Afrique du sud à nous soutenir et à être à nos côtés dans cette terrible épreuve.
La bonne nouvelle : la cérémonie d’attribution d’un diplôme de science politique au fougueux président du parti Economic Freedom Fighter, Julius Malema. Expulsé de l’Anc en 2012, marié en 2014, il a revêtu en 2016 le costume des lauréats pour recevoir son précieux diplôme. Ce qui lui a donné l’occasion de d’affirmer à quel point son parti était « un défenseur emphatique de l’éducation ».
Publié le jeudi 31 mars 2016
© RENAPAS
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