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Les crimes de l’apartheid hantent l’Afrique du Sud

Le Ministre de la justice Michael Masutha vient d’annoncer qu’il refusait la libération de Clive Derby-Lewis, mais accordait la remise en liberté de Eugene De Kock et que la décision pour Ferdi Barnard serait prise plus tard. Tous les trois purgeaient des peines de prison à vie pour des meurtres commis sous le régime d’apartheid.

Clive Derby-Lewis avait été condamné à la prison à vie pour avoir fourni l’arme et être le cerveau derrière le meurtre de Chris Hani le 10 avril 1993. Le meurtre de ce dirigeant charismatique de l’Anc, de son mouvement armé, MK, et secrétaire général du parti communiste sud-africain avait mis le pays au bord de la guerre civile. Il avait fallu toute l’autorité de Nelson Mandela pour ramener le calme dans les townships et cette mort avait accéléré la tenue des premières élections libres, le seul acte politique fort qui pouvait calmer les tensions après trois années de négociations difficiles entre le pouvoir et l’Anc.

La famille de Chris Hani, le Parti communiste, le Cosatu se sont toujours fermement opposés à la sortie de prison de Derby-Lewis au prétexte qu’il souffre d’un cancer des poumons. Ils sont persuadés que ce dernier n’a pas dit toute la vérité sur ce meurtre et n’a pas nommé les véritables commanditaires de ce crime politique. Certains vont aussi jusqu’à dire que Clive-Derby est plus en sureté en prison que libre, car nombreux sont ses « amis » qui sont prêts à le faire taire une fois pour toutes.

Le Ministre a tranché en refusant sa mise en liberté au prétexte que le dossier médical n’est pas fiable et que le demandeur n’est pas vraiment en phase terminale de son cancer.

Ferdi Barnard travaillait pour le Civil Co Operation Bureau (CCB) une officine qui servait de paravent aux escadrons de la mort de l’apartheid. Il a été accusé du meurtre de David Webster, un militant abattu en 1989 devant sa maison à Johannesburg. Ce même CCB a-t-il envoyé le tueur qui a abattu Dulcie September devant la porte de son bureau à Paris le 29 mars 1988 ?

En 1998, Ferdi Barnard avait été reconnu coupable du meurtre de David Webster et d’une tentative d’assassinat sur Dullah Omar, Ministre de la justice du gouvernement de Nelson Mandela. D’autres charges avaient été retenues contre lui dont la vente frauduleuse de diamants et la détention illégale d’armes à feu. Il avait été condamné à la prison à vie. La décision de sa mise en liberté n’a pas encore été prise

Eugene De Kock est l’ancien commandant de VlakPlaas, le sinistre lieu de détention et de torture des militants anti-apartheid capturés par les forces spéciales. Surnommé « Prime Evil », il a été arrêté en 1994 et condamné à 212 ans de prison. Responsable de la formation des « askaris », les anciens membres de l’Anc qu’ils transformaient en collaborateurs du régime d’apartheid, il a témoigné devant la Commission Vérité et Justice qui l’avait renvoyé devant un tribunal. Le Ministre de la justice lui a accordé la liberté parce qu’Eugene de Kock a montré un remords sincère pour ces actes et a apporté « son soutien » à la recherche des personnes disparues.

Ces remises en liberté de criminels notoires et de bourreaux des militants anti apartheid posent la sempiternelle question de savoir comment juger ces crimes. L’Afrique du Sud a choisi de ne pas faire un procès de Nuremberg, mais a choisi la voie de la réconciliation et du pardon. Aucun de ces choix ne donne complète satisfaction. Comme tous les régimes totalitaires l’ont fait, la plupart des archives ont été détruites par le régime d’apartheid et la vérité sera de plus en plus difficile à établir car ceux qui savent vont disparaître en emportant leurs secrets.

Le livre de Jacob Dlamini : Askari , A Story of Collaboration and Betrayal in the Anti-apartheid Struggle Jacana Media 2014 jette une lumière crue sur le versant sombre de la lutte.

Publié le vendredi 30 janvier 2015


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