Des scènes de violence et des scènes de pillage ont suivi la mort d’un jeune garçon tué par le propriétaire d’une petite boutique. Les personnes visées par ces violences et pillages étaient, comme en 2008, les résidents étrangers et leurs échoppes. Au-delà de la condamnation de ces actes criminels, beaucoup de commentateurs reviennent sur le racisme qui n’a pas disparu avec l’apartheid.
Les autorités provinciales voient dans ces actes une forme de criminalité, mais ils se refusent à qualifier ces actes de xénophobes alors que sur les 82 boutiques pillées aucune n’appartient à des Sud-Africains. Un responsable d’une association de commerçants de Soweto insiste sur l’exaspération et la frustration des résidents qui se sentent abandonnés par les autorités.
Le Cosatu souligne que les étrangers ne sont pas responsables « du chômage, de la pauvreté, et de la criminalité » qui rongent la société sud-africaine. Les causes profondes sont « enracinés dans des siècles de colonialisme et du capitalisme de l’apartheid qui ont maintenu la majorité des Sud-Africains dans une pauvreté extrême et leur ont refusé tout droit démocratique pour améliorer leurs sort …Les droits humains ne sont pas réservés aux Sud-Africains mais sont pour tous d’où qu’ils viennent ».
Dans un article du Daily Maverick, qui essaie de comprendre comment la nation-arc-en-ciel en est arrivé là, le Professeur Saths Cooper, Président de l’Union internationale de psychologie, note qu’il n’y a pas de corrélation automatique entre la fin d’un système de discrimination et la naissance d’un système démocratique. Le tweet de Zelda Lagrange, assistante personnelle de Nelson Mandela, qui a fortement troublé l’opinion publique, est là pour rappeler que le processus de réconciliation est fragile « Un an après la mort de Mandela, elle exprime ouvertement des sentiments racistes … ».
L’idée reçue que les jeunes adultes nées après la fin de l’apartheid les « born free » seraient immunisés contre le racisme s’avère complètement erronée. Il faut que l’école enseigne les valeurs d’une société non-raciale « sinon le système éducatif continuera à engendrer les inégalités, ces peurs profondes et cette haine ».
Les inégalités sociales et économiques se sont approfondies depuis la fin du système d’apartheid et elles renforcent les sentiments racistes qui restent dans la tête des gens et la corruption des élites noirs ne fait que renforcer le sentiment que seuls les Noirs sont corrompus, alors que l’apartheid reposait largement sur la corruption au grand bénéfice de la minorité blanche.
Pour remédier à cette situation grave le Pr Cooper pense que le pays a non seulement besoin d’une forte volonté politique mais aussi que "les intellectuels, les religieux et les organisations de la société civile interviennent, alors que les voix des vétérans de la lutte se font de plus en plus rares ». La Fondation Ahmed Kathrada a été la seule voix a condamné les derniers actes de violence à Soweto pour ce qu’ils sont : « Nous considérons ces attaques comme des actes xénophobes et nous les condamnons ».
Après trois jours de violence, ni le gouvernement, ni l’Anc n’avait fait de déclaration pour condamner ces actes xénophobes, laissant à la police et aux autorités de la province la gestion de ces actes comme des actes criminels.
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Publié le vendredi 23 janvier 2015
© RENAPAS
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