Marikana : écouter la voix des sans voix

Le premier ouvrage publié « à chaud » à l’automne 2012, contient les témoignages de ceux qui ont vécu le drame du 16 aout 2012. Recueillis par des universitaires et des chercheurs qui étaient sur les lieux avant et après la fusillade, les témoignages de neuf survivants du drame, s’ils sont parfois confus, donnent un aperçu de l’atmosphère qui régnait autour de la mine et des conditions de vie des mineurs. A la lecture de ces témoignages, une évidence s’impose : les mineurs n’étaient pas, alors, préoccupés par les rivalités syndicales, ils voulaient obtenir un salaire qui leur permettent de vivre décemment avec leurs familles. Mais la direction de la mine n’a jamais voulu les recevoir pour écouter leurs doléances. Quand la violence s’est enclenchée, ils ont été pris au piège des barbelés et des tirs de la police.

La deuxième publication donne la parole aux veuves des mineurs. Khulumani Support Group a organisé un atelier pour que les femmes puissent exprimer leur douleur par le dessin et la parole. La brochure contient les dessins et les témoignages de huit de ces femmes qui ont tout perdu à la mort de leurs maris et qui se retrouvent sans emploi, sans argent avec de jeunes enfants à nourrir. Elles posent des questions cruciales sur la responsabilité de Lonmin qui a exploité leurs maris de leur vivant et qui laissent leurs veuves à l’abandon, sur la conduite de la police qui a tiré sur les mineurs, sur celle du gouvernement qui n’a pas su désamorcer le conflit à temps. Après l’atelier qui aduré deux jours, l’une d’elle résume bien l’état d’esprit après ces séances où les femmes ont pris la parole : « je vais chausser les bottes de mon mari pour me battre pour mes droits ».