Cette année, la saison des grèves dans le secteur minier ne concerne pas seulement les augmentations de salaires, mais tout le fonctionnement des mines sud-africaines qui n’a guère évolué depuis le temps de l’apartheid, même si le gouvernement de l’Anc a élaboré un nouveau code minier. La tragédie de Marikana a été le révélateur d’un profond malaise dans ce secteur vital pour l’économie sud-africaine.
Dans les mines d’or, 16 sur 23 sont actuellement en grève pour obtenir des augmentations substantielles surtout pour les plus bas salaires et le Num qui représente deux tiers des mineurs détient la clé des négociations avec le patronat et la reprise ou non du travail. Le syndicat insiste sur la revalorisation des bas salaires, c’est à dire les salaires des ouvriers peu qualifiés, soit près de 95 000 mineurs. La rivalité avec le nouveau syndicat Amcu qui est devenu majoritaire dans les mines de platine fait monter les enchères.
Cependant comme le fait remarquer un spécialiste du monde du travail, le fond du problème n’est pas tant le nombre de grévistes , ou l’augmentation obtenue, mais des questions qui sont rarement abordées comme « le rapport entre le salaire et la qualification ; l’innovation pour ajuster les coûts de production au prix très fluctuant des minerais sans une permanente perte d’emplois ; le travail migrant ; les programmes sociaux pour améliorer les conditions de vie des mineurs et leurs familles qui vivent autour de la mine » . Ces deux derniers points ont été tragiquement mis en évidence pendant la tragédie de Marikana. Pour cet analyste, le secteur minier est un secteur en crise et s’il doit y avoir lutte, cette lutte doit porter sur ces questions essentielles pour la viabilité du secteur minier dans l’économie sud-africaine.
Le Centre des ressources juridiques (LRC) vient de demander au Parlement de retirer une nouvelle loi prévue pour l’attribution des droits d’exploitation à de nouvelles compagnies qui voudraient exploiter les gisements là où vivent des communautés rurales. La loi en effet ne donne aucun droit à ces communautés de s’exprimer sur l’impact que va avoir l’exploitation minière sur leur mode de vie et éventuellement de s’y opposer légalement.
La question des salaires est aussi révélateur des inégalités criantes de la société sud-africaine. Alors que la demande d’un salaire minimum pour les mineurs les moins qualifiés est de l’ordre de 7645 rands, jugé trop élevé par le patronat, le salaire moyen d’un dirigeant d’une compagnie minière est de 12 689 000 rands par an, et Nick Holland, le PDG de Gold Fields empoche le pactole de 45 millions de rands par an !
Le Ministre des finances a exhorté les partenaires sociaux a trouvé un terrain d’entente pour mettre fin aux grèves qui pèsent lourdement sur une économie fragilisée par le contexte mondial. Le rand est au plus bas et le pays importe plus qu’il n’exporte. Les exportations de minerais comptent pour la moitié des exportations sud-africaines il faut donc retrouver le calme dans ce secteur pour augmenter les exportations. Reste à savoir, si cette demande sera entendue par des mineurs qui en ont assez de créer des richesses dont ils ne profitent jamais.
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Publié le vendredi 6 septembre 2013
© RENAPAS
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