L’actu par pays

Les dossiers

Les sites Internet

Qui sommes-nous ?

Adhérer à RENAPAS

Bulletin d’infos

Pour nous contacter

Pourquoi tant de violence contre les femmes ?

Les actes de violences contre les femmes : viols, tortures, meurtres font l’actualité sud-africaine au point de faire passer à l’arrière plan les discours politiques, l’agitation sociale et les grèves dans des secteurs vitaux comme les mines et l’agriculture. En recoupant plusieurs études sur ce phénomène, des chercheurs font remonter les racines de ce mal dans l’histoire tourmentée de ce pays.

L’affaire Oscar Pistorius dépasse largement la notoriété du meurtrier présumé mais éclaire la réalité des relations hommes-femmes, relation bâtie sur le pouvoir de l’homme blanc. Attenté à ce pouvoir est mettre sa vie en danger. Les Noirs en ont fait les frais au temps de l’apartheid et de la colonisation, les femmes sont les victimes d’un système patriarcal qui régit toute la société sud-africaine.

Violer une femme est la plus sûre façon de montrer sa virilité et d’assumer pleinement son statut d’homme et de maître. En 2009, une étude menée par le Conseil de la recherche médical montre qu’un homme sur trois admet avoir commis un viol au moins une fois et 40% des hommes interrogés admettent avoir eu un comportement violent avec leur partenaire.

Le violeur type est un homme de moins de 30 ans, qui a grandi dans un foyer monoparental qui a subi des traumatismes émotionnels dans son enfance et qui a été victime de violences. La directrice de la recherche, Rachel Dewkes affirme qu’un garçon victime lui-même de violence a plus de chance de devenir un homme violent. Et ajoute-t-elle « en Afrique du Sud plus de la moitié des enfants sont élevés dans des foyers d’où le père est absent, ils sont très vulnérables à la maltraitance ».

Cette absence du père est le résultat du travail migrant, fondement de l’exploitation d’une main d’œuvre à bon marché au temps de la colonisation et de l’apartheid et qui perdure dans les mines et le monde agricole. Le nombre très élevé d’adolescentes qui tombent enceintes ajoute encore au nombre d’enfants sans père.

Le comportement des hommes sud-africains vis à vis des femmes est aussi le résultat d’une vision de la société qui consiste à la diviser en deux parties : d’un côté les forts qui peuvent abuser de leurs forces, et de l’autre, les faibles qui sont les victimes de cette force. Les hommes noirs ont pendant des siècles étaient traités comme des « boys », des petits garçons que l’on a humilié. Les prisonniers de Robben Island ont dû se battre pour avoir le droit de porter des pantalons et pas des culottes courtes ! Le seul endroit où ces hommes humiliés pouvaient exercer leur domination et être vraiment des hommes était la maison où les femmes subissaient leur domination violente.

Pour les hommes blancs, être un homme cela voulait dire être un dur et assumer sa masculinité par la force en maltraitant les plus faibles, cette domination s’exerçant sans ménagement d’abord à la maison. Ce comportement et cette mentalité perdurent et aucune loi ne peut à elle seule changer cette société.

Pour un garçon, faire des tâches ménagères est source de moquerie, le risque d’être traité de « sissy » de femmelette et donc être soumis à la violence des « vrais hommes ». C’est ce que raconte dans le quotidien Mail &Guardian , Dumisane Rebombo qui s’est depuis engagé dans un travail militant au sein de l’association Sonke Gender Justice Network. « J’avais 15 ans quand je l’ai violée. J’ai grandi dans un milieu où je voyais des femmes à demi nues qui fuyaient des hommes violents. Personne ne disait rien. C’était juste comme ça… » Comme il faisait le ménage pour aider sa mère qui travaillait, les autres se moquaient de lui. « C’était quelque chose qu’un homme, un vrai, ne faisait pas…J’avais peu d’estime pour moi-même, je me sentais seul et rejeté et violer une fille me rendait plus acceptable dans mon milieu… ».

D’autres vont plus loin dans la dénonciation d’une société machiste où les remarques sexistes sont acceptées comme normales. « Nous les acceptons comme normales et ne faisons rien. Mais nous poussons les hauts cris quand des hommes assassinent et violent des femmes et nous nous demandons pourquoi cela arrive ! » s’exclame Jonathan Jansen, recteur de l’Université de l’Etat libre et pour lui la solution pour changer les choses est de changer la façon d’éduquer les garçons. Un chemin long et difficile.

Talia Meer, journaliste, explose de colère, après le meurtre d’une prostituée noire dont le corps ensanglanté a fait la une d’un quotidien de la province du Cap. « nous devons rappeler à chacun d’entre nous que toute femme, peu importe la couleur de sa peau, le milieu d’où elle vient, sa famille, l’argent dont elle dispose, comment elle gagne sa vie, les vêtements qu’elle choisit de porter, doit être traitée avec respect et dignité, même après sa mort. Nous devons admettre que nous ne le faisons pas… ».

La presse sud-africaine a été fustigée pour le traitement de plusieurs cas de violences et viols ces dernières semaines et nombreux sont ceux qui voient dans le traitement réservé au meurtre de Reeva, la petite amie d’Oscar Pistorius et celui réservé aux viols quotidiens des femmes noires, prostituées ou droguées, l’image affligeante d’une société qui a bien du mal à se débarrasser des pires stéréotypes racistes et sexistes.

Plus d'informations : cosatu Media Monitor

Publié le lundi 25 février 2013


Imprimer cet article


Envoyer cet article

© RENAPAS

A lire également



© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP