Alors que les cérémonies se multiplient dans tout le pays pour célébrer le centenaire de l’Anc et rendre hommage aux héros tombés pour la libération du peuple sud-africain, des incidents fâcheux viennent entamer l’unité de façade et annoncer des déchirements à venir encore plus durs.
L’affaire Malema est la plus médiatisée des luttes fratricides. L’insolent président de la Ligue de la jeunesse qui ne recule devant aucun dérapage verbal a peut-être mis fin à sa carrière politique en traitant le Président Zuma de « dictateur », mais sa « suspension » de l’Anc a surtout révélé les graves désaccords au sein de la direction de l’Anc, certains soutenant « Baby Juju », d’autres voulant sa disparition du champ politique.
La conférence de presse des « top six », les six dirigeants du Comité national exécutif n’a pas vraiment convaincu d’une unité retrouvée ou sans faille. De fait les six dirigeants sont divisés, non pas tant sur le sort de Malema , mais essentiellement sur ce que doit être la conférence de Mangaung qui doit élire la future direction du parti et préparer les prochaines élections . Certains souhaitent que rien ne change, c’est-à-dire garder leurs poste avec Jacob Zuma à la tête de l’Anc et du pays et les autres qui veulent un changement de direction.
Les jeunes de la Ligue de l’Anc ont déjà affiché leur préférence en arborant des T-shirts avec le portrait du vice Président Kgalema Montlanthe. Ce qui a obligé ce dernier à démentir toute volonté de succéder au Président Zuma et le secrétaire général de l’ANC, Gwede Mantashe à rappeler que lancer des noms et des idées avant la réunion d’octobre préparatoire à la conférence de décembre « ouvrira la porte aux déchirures internes à l’organisation ». Cet appel à l’unité n’est pas le premier.
Les luttes de factions, les ambitions personnelles, la soif de pouvoir et de richesse qui va avec, minent le parti au pouvoir depuis des années et ternissent son image jour après jour. Ceux qui prédisent « un printemps arabe » à cause de la bombe à retardement que sont la pauvreté et le chômage devraient être écoutes d’une oreille plus attentive par ceux qui détiennent le pouvoir. Les affaires de corruption, l’incompétence des services municipaux, la colère des laissés pour compte sont les véritables questions que ceux qui seront élus en décembre prochain devront traiter d’urgence.
En dépit de ses erreurs et ses faiblesses, l’Anc dispose toujours d’une réserve électorale non négligeable ; un sondage révèle que plus de 60% des électeurs sont satisfaits du gouvernement actuel. Mais l’Anc au lieu de suivre le chemin d’un parti politique classique avec ses querelles internes pour le pouvoir et des postes d’élus devrait chercher à retrouver quelques unes des vertus qui ont fait la renommée du mouvement de libération.
Un document qui doit être discuté par tous les militants avant la conférence de juin veut mettre un terme à l’indiscipline, la désunion, les factions qui ravagent le mouvement depuis la conférence de Polokwane. Le paradoxe pour ce mouvement de libération devenu un parti « démocratique » sera de se rapprocher et de regagner la confiance de ceux qui lui ont donné le pouvoir il a 18 ans dans l’espoir d’une vie meilleure.
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Publié le mercredi 11 avril 2012
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